La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

mardi 27 novembre 2012

petite fable citoyenne



Il était une fois une poignée d'hommes et de femmes...
Pour être exacte, il y avait là, quatre hommes et une femme...
Tous avaient en commun qu'ils cherchaient un sens à leur vie...
Les cinq erraient donc depuis longtemps, chacun ignorant la présence de l'autre,
le regard attentif cherchant une voie parmi les herbes et les cailloux, traversant les fossés et les bois,
croisant parfois un animal dangereux, ou se protégeant dans quelque grotte qui offrait un abri.

Epuisés par tant de périls rencontrés, ils se retrouvèrent enfin au départ de six routes...
L'une de ces routes était au centre et, partant sinueuse, elle coupait le paysage en deux.
De part et d'autre, mais non loin d'elle, se déroulaient, une route à droite et
une autre très identique à gauche, qui soulignaient maintenant l 'aspect dual du paysage...
Et à droite de la droite, et, à gauche de la gauche, mais éloignées de celle du centre se trouvaient encore deux autres routes, elles, radicalement droites, semblaient être façonnées par la seule oeuvre des hommes, en sorte que la nature y avait été tenue à l'écart, et l'on pouvait deviner, qu'assurément, elles iraient plus vite au but... Enfin, la dernière ressemblait à un chemin, non, en fait c'était une piste, et si elle semblait engageante, aucun pourtant ne lui accorda son attention... L'un d'entre eux, lisant l'écriteau, tout à côté, indiquant “Voie sans issue”, confirmait, par là, le peu d'intérêt qu'offrait d'emprunter une telle voie... Il ne restait donc plus que cinq voies et cela tombait fort bien, car ils étaient si justement cinq... Le hasard fait si bien les choses!

Il s'en suivit de longs débats, chacun tentant de convaincre l'autre de le suivre sur cette route là: La meilleure étant cette route, ses raisons étant les meilleures! Je passerai ici sur la forme des débats, de peur d'effrayer le lecteur ou de le lasser, lui, pressé de connaître la suite de notre histoire. Je dirai juste que ces quatres hommes et cette femme, aguerris sans doute par les nombreux périls rencontrés jusque là, se livrèrent une bataille acharnée. Pour finir chacun emprunta sa voie, convaincu de ses raisons et riant de la naïveté qui habitait l'autre...

Ainsi un homme commença à avancer sur la voie du centre, deux autres empruntaient les deux routes non loin, l'une à droite et l'autre à gauche... Enfin, les derniers finirent par emprunter les routes les plus éloignées l'une de l'autre, chacun campé dans sa certitude d'arriver au but plus rapidemment...

Commençait pour eux une très longue marche; elle allait durer des années. Enfin, un beau jour, ils devinèrent une clairière annonciatrice sans doute du but de leurs efforts. Chacun nourrissait en son sein l'espoir de pouvoir jouir d'une récompense bien méritée...

Quelle ne fût pas leur surprise, découvrant qu'il y avait là UN trône juché sur un socle. Un socle si haut, qu'il semblait toucher ciel... L'un et l' autre pensait en son for qu'il devait être bon de s'y reposer, sous l'ombre légère d'un nuage, n'ayant pas moins que l'autre compté ses efforts. Transformés par tant d'années de marche solitaire et obstinée, ils étaient maintenant devenus si forts et si sauvages, qu'ils engagèrent bataille à seule fin d'éliminer le voisin.

C'est donc, convaincu de son but, que l'un d'eux, fier et souriant entamait à présent la montée de l'échelle qui le menait déjà si proche des cieux, réjouis de contempler bientôt d'un peu plus haut, cette belle terre qui était la sienne... A vrai dire, je ne sais plus qui a gagné, je ne sais plus si c'était un de ces hommes ou bien cette femme, tant il est vrai qu'à la fin on ne pouvait plus bien les distinguer, il semblait que, leur langage était devenu le même, façonné de même manière par ces longues années. Mais ceci n'est pas important pour la suite de notre histoire... Je continue.

Arrivé donc sur le trône, l'Homme contempla le monde à ses pieds et ce qu'il vit était éloquent, partout des humains se guerroyaient, partout l'on piait et volait, partout on violentait, partout on parlait fort, partout l'on se moquait, raillait et ripaillait, partout l'on construisait, puis on démolissait, partout l'on vendait, et l'on vendait de tout: des poules, des légumes, de l'eau, des arbres, des oiseaux, des meubles et des femmes, des enfants, des voitures et des homes, des immeubles, des maisons, des croyances, du pétrole et du plastique, des livres, des médicaments, et des crêches, des organes et des morts et même, on vendait de l'argent. Chacun marchandait fort car ce qu'il vendait était meilleur.

Et ainsi, l'Homme sur son trône, satisfait et rassuré d'avoir su saisir son but, s'endormit serein bercé par de doux rêves nourris par un monde merveilleux et si parfaitement à son image. Il remerciait Dieu (qu'il avait acheté au rabais ou vendu à bon prix, je ne sais plus) d'avoir créé tout cela pour lui...

Notre histoire s'arrête là, car le but est atteint, mais avant de te laisser, cher lecteur, j'ai envie d'attirer ton attention sur cet endroit oublié du début de l' histoire... Te souviens-tu? La petite piste avec l'écriteau “Voie sans issue”... Suis-moi encore un moment, je t'y emmène... Voilà nous y sommes.

Cette piste là, préservée du regard des Hommes, si, par hasard, tu voulais l'emprunter, faisant ainsi acte de courage car tout le monde se moquera, tu y rencontreras un Homme qui l'avait empruntée il y a bien longtemps, avant même que cette histoire n'existe. Cet Homme cultive un jardin, il semble inscouciant au temps qui passe, il marche d'un pas lent, il a le geste posé mais déterminé, il ne poursuit rien et seulement occupé à sa tâche, il ne choisit pas de route, ni au centre, ni à droite, ni à gauche, car il sait que la seule route à suivre est la sienne, sur cette route n'existe aucune dualité, et c'est donc en paix qu'il travaille à sa tâche, il ne vend rien et n'achète rien car il a déjà tout, rien dont il n'ait besoin, pas même de choisir, car son coeur lui souffle toujours la même réponse. Ainsi lecteur, si tu regardes, tu verras là, dans cette voie de garage, un monde créé, où chaque chose est à sa place et où l'oeil ne peut être distrait par ce qui se passe, là tout à côté. Tu sais, là, où vivent ceux qui ont façonnés l'Histoire et que l'on appelle aujourd'hui encore les “cons-citoyens”: citoyens solidaires de ce monde étrange et à leur image...

Voilà, je te laisse à présent, mon histoire se termine, n'oublie pas: Quand tu quitteras ce viel homme tranquil, ou bien était-ce une femme, je ne sais plus, n'oublie pas de le/la saluer, et tu verras alors que te saluant à son tour... il/elle te ressemble comme deux gouttes d'eau, c'est troublant... Le hasard, décidemment, fait si bien les choses.

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