La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

mercredi 14 mai 2014

Castelnaudary... C'est la quille !


Si la première série de cinq représentations s'était avérée difficile ,(trois annulations, une représentation devant 11 personnes et une dernière devant une jauge de 35 personnes), la deuxième série sera poussive... Il n'y aura pas eu d'annulation, mais au final, nous aurons joué devant une moyenne publique de 25 personnes. Heureusement, le public sera chaleureux et généreux au niveau des chapeaux ce qui permettra à notre petite compagnie de limiter la casse financière.

Une réaction rapide de la mairie de Trèbes permettra aussi de combler un peu les trois refus consécutifs sur le secteur (Revel, Castres et Mazamet qui ne donna jamais de réponse). Nous serons donc à Trèbes au mois de juillet. Néanmoins, comme il n'est pas possible d'y jouer en juin, Xavier se voit dans l'obligation de trouver très vite d'autres lieux pour cette période qui reste donc problématique. Car, trouver un lieu dans l'urgence n'est jamais aisé: Xavier doit encore démarcher les commerçants locaux (et cela se fait trois semaines au préalable) afin de pouvoir prester au chapeau et laisser ainsi le public décider librement de la valeur de notre travail (plus efficace qu'une billetterie). Bref, une saison qui ne nous laissera aucun répit nous soumettant déjà à des pressions assez fortes. Là aussi, heureusement que cette saison est la troisième et que nous sommes maintenant relativement à l'aise avec les manœuvres du convoi, les montages et démontages du chapiteau, le spectacle qui roule bien.

En outre, nous avons peu à peu appris à reconnaître et anticiper les phénomènes météo, à écouter de plus loin les « tu devrais faire ceci », « vous devriez plutôt faire ça », « les enfants semblent être biens », « j'ai adoré le spectacle mais... », « vous devriez appeler les festivals », « pourquoi pas une billetterie? »... Car tous, c'est vrai, sont pleins de bonnes intentions et souvent sentant les difficultés inhérentes à nos choix, tous veulent aider d'une manière où d'une autre, mais finalement, nous avons souvent besoin de plus de concret (merci à la maman de Nelly- démarchage pour trouver des autorisations sur des lieux, merci à Elodie partie en quête d'une tirette de 2,50 m pour réparer l'ouverture fatiguée du chapiteau). Les conversations d'après spectacle, qui remettent constamment en question notre mode de fonctionnement, demandent une attention accrue de notre part et appellent des justifications où des explications souvent fastidieuses. Alors que, l'essentiel de notre travail ayant été fait (jouer), nous aspirerions plutôt au repos et nous nous abreuverions volontiers des paroles des spectateurs échangeant avec nous leur enthousiasme et partageant leurs émotions. Alors quand cela arrive, là seulement, c'est la quille...

Car effectivement, quand nous arrivons sur un lieu semblable à Castelnaudary, où la crise se fait sentir à plus d'un niveau : commerçants moroses, vitrines fermées, ville vide de passage, désœuvrement, absence d'enthousiasme,... Une ville qui peine à se faire comprendre : Le maire viendra jusqu'à notre petit chapiteau cinq minutes avant que nous montions en scène, entouré de deux adjoints, pour nous signifier qu'il ne viendrait pas, qu'il « était désolé mais ne pourrait pas rester » ?! (Je n'ai pour ma part pas bien compris la démarche. Se sentait -il obligé ayant eu une invitation à venir ? Était' il ennuyé face à la tentative de vol que nous avons subie sur nos véhicules ? Voulait-il montrer au public présent qu'il s'était déplacé ?) Enfin, voilà,c'est fait, la mairie nous avait bien signifié qu'elle ne ferait rien pour informer de notre présence (ceci dit, la plupart des mairies ne font rien mais elles ne pensent pas devoir le dire), mais en tout cas nous, nous avons bien été informés de la présence « absente » du maire... Serait- ce un phénomène « chaurien » (chaurien savoir !) car plusieurs personnes nous avaient promis qu'elles viendraient, mais finalement ne seront pas venues. 

On a ainsi, un peu l'impression de vivre une guerre, une petite guerre d'usure, une bataille sans cesse renouvelée, une guèguèrre du quotidien, la pluie s'y ajoutant, on se retrouve dans les tranchées, et l'on ne sait, quand on est pacifiste comme moi, pour qui où pour quoi l'on se bat encore. Bien sûr, habituellement, ces petites histoires me font gentillement sourire, mais ici à Castelnaudary, j'avoue que, sur la durée, ma joie de vivre c'est progressivement émoussée, et mon engagement a pris un peu de plomb dans l'aile. Aujourd'hui, jour de la naissance de ma première fille, je me sens un peu lasse de tout ça. 

Mon cœur, en ce 13 mai, s'est hissé en drapeau blanc, en petit morceau de linge immaculé et pur derrière lequel le souvenir intact de ce moment intense où je la prenais dans mes bras, sur la terrasse de ma maison de Bruxelles par un après-midi de mai plein de douceur ensoleillée et de promesses de ravissements, ce moment parfait sur une chanson d'Amstrong me fît goûter à ce que l'on nomme la paix. Où l'on cesse de se battre, où l'on cesse de patauger lamentables dans la gadoue des petits sentiments, où l'on a besoin de rien puisque l'on a tout, où la vie minuscule sourit, où la vie s'appelle... Ysaline. Il y a quinze ans déjà... Aujourd'hui, un instant, c'est drapeau blanc, grâce à toi, aujourd'hui, c'est la quille...

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