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L' aire de stationnement à côté de l'Aude à Limoux |
Arrivés à Limoux sans encombres, nous
installons le convoi sur l'aire de stationnement réservée aux
camping-cars... Nous sommes salués par les occupants du lieu qui
semblent être habitués à l'aire de Limoux. Nous ferons
visiter, à la demande de certains, notre convoi qui en émerveille
plus d'un. Les gens ont l'air plutôt ravis. Fatigués, Xavier et moi,
nous partons en quête de pizzas (chez Jean-Mi) au centre de Limoux,
qui non seulement, est sympathique mais en plus, fait des pizzas à
tomber par-terre pour des prix plus qu'honorables.
Revenant au bout d'une heure (Jean-Mi
était surbooké), nous retrouvons les enfants un peu inquiets. Ils
nous racontent que notre voisine directe (tout à côté de notre
roulotte) est passée pour leurs dire qu'il ne fallait pas faire de
bruit, que nous n'avions pas le droit de stationner avec nos
roulottes (ce ne sont pas des camping-cars) et que de plus, elle
connaissait personnellement les gendarmes qui eux, seraient
extrêmement stricts la- dessus. D'emblée donc, je m'inquiète de
savoir qui est cette voisine dont mes enfants me parlent. C'est une
petite vieille (65/70 ans) qui ira se coucher à 21HOO au moment où
nous allions souper. Je rassure mes enfants et leurs explique qu'elle
a peut-être vite peur, qu'ils veillent donc à être polis (comme
d'habitude), pas trop bruyants (plus dur pour Erwenn), bref, qu'ils
soient juste discrets vis-à-vis d'elle, ajoutant qu'elle ne doit pas être
méchante, qu'elle doit juste se sentir un peu « chez elle ».
Le lendemain matin, nous constatons
qu'elle a bougé son convoi pour le placer en face... Encore une
fois, je répète aux enfants de ne pas s'inquiéter, qu'ils n'
avaient rien à se reprocher, que la petite dame était sans doute
vite apeurée, que malheureusement, il y avait partout des gens comme ça. Puis, nous
déjeunions. Xavier et moi, allions faire notre « criée »
et distribuer des affiches aux commerçants du centre de Limoux.
Xavier promet aux enfants d'aller à la piscine avec eux, une fois
notre travail achevé, tout le monde est ravi.
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Nous stationnerons là 3 ou 4 jours avant de jouer |
Au moment où nous allions partir, la
petite dame en question m'aborde en s'exclamant : « J'adore
votre convoi, les enfants m'ont fait visiter hier... Ils ne vous
l'ont pas dit ?... Mon mari aimerait bien un toit semblable sur
sa caravane... (Puis, faisant allusion à une dame venue la veille me
demander nos dates de spectacles) elle enchaîne : « Ouh !
Vous avez de la chance, cette dame est partie ce matin, elle
cherchait des misères à tout le monde, elle m'a insultée pendant
deux semaines, j'ai été obligée d'appeler les gendarmes... Vous
vous rendez compte ? A mon âge ?... Se faire insulter
comme ça, mais moi j'ai été avocate, je connais bien les
gendarmes... Je l'ai enregistrée la dame, j'aurais pu les faire
chasser... Maintenant, tout le monde ici croit que
c'est moi qui appelle tout le temps la police, parce qu'il y a
quelqu'un ici qui s'amuse à dénoncer tout le monde... Y'en a encore
un là, à côté de mon camion, celui là c'est un hollandais...
Mais bon, il ne me dérange pas... Celui-là, là bas c'est un
anglais, il fait pipi dans une bouteille en plastique et il vide ses
bouteilles dans l'herbe, les gendarmes lui ont fait déplacer son
véhicule,... Il croit que c'est moi qui l'ai dénoncé mais c'est
pas vrai, c'est pas moi, les seuls que j'ai fait chasser ce sont des
Manouches... Ils avaient une machine à laver et ils mettaient de
l'eau partout, en plus ils faisaient des feux alors que nous on n'a pas le droit de faire des barbecues, et puis leurs véhicules
n'étaient pas du tout aux normes, alors un matin, les gendarmes sont
venus et avec leurs mitraillettes ils les ont obligés à partir, ils
ont fourré vite fait tout leur bazar dans une remorque et ils sont
partis... Bon débarras, la seule chose qui me fait de la peine,
c'est qu'ils avaient des enfants... Les pauvres enfants. (Regardant
Erwenn blotti contre moi, elle continue)... Oh ! Il est beau
votre titi, il a les yeux bleus, c'est un beau titi, c'est bien, ils sont beaux vos enfants, j'ai dit à tout le monde que l'on se doutait pas que vous aviez
quatre enfants tellement ils sont calmes, on les entend pas,... Mais
vous êtes quoi vous ? Vous êtes des itinérants, vous vivez à
l'année dans vos roulottes ? Est ce que vous avez le droit de
vous mettre là ? Les gendarmes ils ne vous disent rien ?
Et est-ce que vous avez des toilettes la dedans ?... ». Je
lui expliquai ce que nous faisions là, et sans me douter de rien je
partais maintenant avec Xavier pour aller déposer mes affiches dans
les commerces.
A mon retour, je suis abordée cette
fois, par les autres camping-caristes qui me mettent en garde
m'informant que la dame a créé des soucis à tout le monde sur
l'aire de stationnement, qu'elle a fait déplacer plusieurs fois les
gendarmes pour des broutilles, qu'elle est tout sourire "devant" mais que "par derrière" elle vous dénonce aux gendarmes dès lors que
vous ne lui plaisez pas. Je souris et je dis à l'un de mes
interlocuteurs, qu'elle est étonnante par sa capacité incroyable à
changer de comportement en fonction de la personne à qui elle
s'adresse (sans doute est-elle un peu malade?). Je continue en
m'étonnant que les gendarmes acceptent encore de se déplacer ayant
pourtant compris que la dame était pour le moins une "emmerdeuse". Et
pour conclure, je m'interroge tout haut sur cette attitude qui
consiste à « emmerder » l'autre et à se comporter comme
si l'on était partout chez soi... (Cette dame est installée là, de
façon quasi permanente et se sent donc sans doute autorisée à faire régner
la terreur sur la petite aire de stationnement ouverte à tout
voyageurs).
C'est alors qu' un des messieurs me regarde et
enchaîne : « C'est vrai, que parfois y'en a qui ont des
camions qui ne sont pas aux normes, ils ont des "dreds" (cheveux
entremêlés en sorte de tresses, coiffure typique des chanteurs de
reggae) et leurs chiens pissent partout, ils respectent rien et ils
s'installent là avec leurs camions pourris... ». Je rappelais
donc mon chien juste derrière, qui était entrain de lever la patte
sur l'arbre à l'ombre duquel nous parlions, je me repliai polie-ment
et discrètement dans ma roulotte et je me dis en souriant que
c'était une bien bonne idée de m'être couper les cheveux récemment,
que nous avions de la chance d'avoir quatre enfants blonds aux yeux
bleus, que décidément le spectacle nous protégeait de la
malveillance, qu'il nous fallait faire bien des efforts pour exister
sans heurter, que même sur l'espace publique destiné à l'accueil
des voyageurs il se trouvait toujours des "propriétaires", et que, obstinément, l'homme avait bien du mal à se
rappeler à sa nature initiale et nomade car l'on prend si facilement ses petites peurs et ses petites habitudes en voyage, ... Et puis avec un rire désormais cynique sur la question, et un petit air de musique dans la tête, … je me disais qu'une fois
de plus, ma vie d'errance allait me permettre d'écrire un petit
article un peu acide dans ma Gazette, avec pour titre ; « Eh, oui, ce sont des
ROULOTTES! Ce ne sont pas des CAMPING-CARS! ». On dirait qu'ça t'gêne de diner avec nous... On dirait qu'ça t'gêne de traîner avec nous...
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