La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

mercredi 9 janvier 2013

C'est la crise,oui mais, laquelle?


Oui, oui, bonne année, bonne santé, et beaucoup de bonheur, à tout le monde sans distinction... Paix sur la terre, au moins une fois, entre minuit et minuit deux minutes, le temps d'embrasser chaleureusement tout le monde et puis chacun retourne à ses soucis, ses petites « crisouilles », ou ses grandes angoisses... Voilà ce que je me dis de façon mélangée depuis des années au fameux moment du passage d'une année à l'autre. Cela génère un certain stress à l'approche des fêtes : Serais-je à la hauteur de la joie collective, car dans tout les cas, je ne suis pas à la hauteur d'assumer la solitude engendrée par le choix éventuel de rester chez moi ce soir là... Ben oui, j' ai envie de ma petite part de rêve aussi...

Cette année donc, je fus invitée avec toute la petite famille, à fêter le réveillon sur la commune de Rouvenac, au lieu dit « Toziels » : un éco-hameau, où nous sommes, pour la troisième reprise, accueillis, dans le cadre de notre projet, afin d'hiverner ou revoir notre spectacle, ou bien encore faciliter nos démarches en communication.

Aaah ! Les Toziels, (entendez par cette appellation « les oiseaux »), quel merveilleux lieu pour y retrouver des amis, faire la fête et au petit matin y entendre les oiseaux, qui ont, en effet et étrangement, le chant très actif en ce lieu particulier ! J'étais donc ravie d'y être invitée en cette période toujours un peu confuse pour moi. Il était demandé à chacun d'emmener un plat de sa composition et une bouteille afin de participer équitablement au repas : formule très sympathique , économique, et généreuse qui fait toujours ses preuves. Nous avons dansé comme des petits fous, nous avons bu très raisonnablement, nous avons mangé plus qu'à notre faim sans gaspiller pour autant, nous avons passé un moment agréable, plein de chaleur et d' humour, tous âges confondus avec ceux que l'on ne connaît pas, ceux que l'on connaît bien, et ceux que l'on connaît de vue...

Alors comme à l' habitude, et juste pour faire mon « enculeuse de mouches », je me suis demandé qu'est ce qui pouvait bien clocher (on ne se refait pas!), et en regardant autour de moi ce soir là, je n'ai rien vu qui clochait, si ce n'est... Que toute cette joie, faite de choses si simplement partagées, le repas, les boissons, les gâteaux, la musique, la danse, les paroles drôles, toutes ces choses contrastaient tellement avec l' austérité ambiante : la crise avec laquelle on nous rabâche les oreilles, nos plaintes, et nos inquiétudes quotidiennes, notre pouvoir d'achat qui diminue... Créant parfois pour finir, une espèce d'hystérie collective à l'approche des fêtes, comme si, à force de vivre tendus, ils nous fallait absolument lâcher la pression, comme si les fêtes étaient alors l'occasion d' un exutoire, et que l'espace de cet instant court, trop court, on s' autorisait enfin un lâché prise total, voir un dérapage non contrôlé... Y' a qu'à se promener dans les grands magasins durant cette période particulière pour tâter l'ambiance ! Faut voir les étals qui dégoulinent d' huîtres, de chocolats, de boissons alcoolisées, de bûches de Noël, de jouets en plastiques et de cadeaux en toc. Finalement, souvent, loin de l' idée de crise ambiante, on finit tout au plus avec une bonne crise de foie qui contraste indécemment avec l' économie austère dans laquelle nous prétendons vivre...

Au « Toziels », rien de tout cela. C'était une vraie fête et je jure que personne n' a manqué de rien, il y avait de tout, du très bon, et rien de trop... Il y avait l'amitié, la joie, l' abondance, et la danse, toutes les choses essentielles aux rites de passage et qui partagées unanimement par les vieux et les jeunes transforment nos peurs et nos doutes, en moments festifs, en rituels pour passer d' une époque à une autre. L' occasion d'ailleurs à ces moments, d' émettre tout haut des vœux que l'on porte pour soi et pour les autres: des vœux très singuliers porteurs de changements éventuels et du meilleur pour nos vies.

Alors voilà, beaucoup de mes vœux personnels étant accomplis ou en voie de l'être, j'ai fait le vœux que ce genre de « fête » soit possible pour tous, que les êtres humains pauvres ou riches, vieux ou jeunes, d' ici ou d'ailleurs, puissent comme moi, se sentir entourés, et ainsi, partageant ce qu'ils ont en toute simplicité, transformer leurs peurs et leurs angoisses en prières et en vœux pour des lendemains plus heureux. Qu'ils puissent se souvenir tous les jours que la crise ici, n' est souvent qu'une vague crise de foie mais que les crises de foie, cachent souvent les grandes crises de Foi et par là, nos manques à les combler...

Car oui hélas, souvent nos "fêtes" ressemblent, si tristement, à des tableaux de Jérôme Bosch où des monstres grotesques festoient pour oublier leurs gouffres de solitude cherchant à se diluer dans l'alcool... Et si nous réapprenions à vivre et partager ensemble quelque chose de semblable à ce qu'il m'est offert de vivre au  "Toziels". Si l'on pouvait respecter l'espace personnel des uns et des autres tout en partageant des moments généreux, alors chaque jour sans aucun doute, serait une vraie fête, car le « meilleur », résolument, est dans le partage, même dans la « crise » et même dans le « pire »... Et si mon souhait se réalise, ce sera vraiment une bonne année pour moi... Elle aura si joliment commencé avec mes amis sur la colline du hameau des oiseaux!


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