La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

lundi 11 novembre 2013

Installation pour l'hiver et bilan de notre saison 2013...

Voici une semaine que notre convoi est arrivé aux Toziels, le éco-hameau sur la commune de Rouvenac. Le temps pour nous de nous poser: de résoudre les problèmes d'approvisionnement en bois, de saluer tout le monde, d'évaluer notre situation financière, de faire des courses de première nécessité de résoudre quelques petits problèmes avec le voisinage, de résoudre les problèmes de lavage de notre linge (l'accès éventuel à une machine, n'ayant pas d'eau courante sur les Toziels et ayant trop de quantité à laver à la main), évaluer ensuite les multiples travaux nécessaires sur la nouvelle Caravette acquise récemment, apporter une solution rapide et efficace à l'absence de chauffage pour la Caravette, mettre à jour le site avec les dernières étapes de notre périple de l'été, et assurer bien sur, dans le même temps, toutes les tâches habituelles (instruction, ménage, et intendance), écouter, le soir venu souvent, les multiples problèmes de nos enfants... Et... Prendre le repos du guerrier... Celui-là n'a pas encore été pris!

Cela fait donc quelques jours que croisant l'un ou l'autre sur mon chemin et me demandant: "Alors? Bien installés?", je fais face à la question mais ma réponse tarde à venir. Je suis partagée entre la joie d'avoir pu retrouver certaines personnes appréciées et en même temps la confusion, l'agitation et la fatigue au nombre de choses à résoudre s'empare de moi et englue lamentablement dans la gadoue de mon esprit, ma bouche qui, elle, ne sait que répondre. Et oui! J'avais attendu ce moment du retour, j' avais fantasmé un retour reposant et ce fût en réalité un retour éprouvant et difficile.

Aux petits conflits et tensions avec le voisinage (qui ne sauraient tarder à se résoudre) sont venus s'ajouter des problèmes financiers (nous avons trop dépensé d'argent sur les deux derniers mois, pensant en avoir plus), ce n'est qu'en consultant nos comptes à notre retour que nous nous en sommes rendus compte, créant ainsi un trou dans notre budget qui aurait pu être évité si nous avions été plus assidus et attentifs ces deux derniers mois. Ce manque de vigilance est souvent lié à notre sur- activité lorsque nous voyageons. Il est difficile de maintenir les papiers, et les comptes en ordre à distance, alors que nous bougeons régulièrement. Nous avons du payer une contravention, (délit d'excès de vitesse pendant notre saison) en ayant reçu le courrier avec deux mois de retard, conséquence: Il faut payer, écrire une lettre de contestation pour éviter une amende majorée à 350 euros, ce n'est pas rien!

C'est alors que parfois découragés on se met à penser avec nostalgie à toutes les facilités qu'offre une vie de sédentaire, mais ça, on ne se sent pas en droit de l'exprimer car par expérience, toutes tentatives de faire des choix différents et autonomes se récompensent immédiatement par le sentiment de liberté qu'elles procurent, mais se payent souvent par l'impossibilité d'être juste entendu dans les moments plus lourds, et l'interlocuteur vous regarde en ajoutant: "Tu l'as voulu, tu l'as eu...", moins durement parfois: "C'est ton choix...", encore "Oui, mais ça doit être chouette de vivre en roulottes", aussi "Moi, je ne pourrais pas, je ne sais pas comment tu fais", "Oui, mais tu sais, ça fait rêver les gens...", quand ce n'est pas agressif (concernant souvent les enfants comme dans le cas de l'accouchement à domicile, l'instruction à domicile, la promiscuité de la vie en roulotte, le travail des enfants en saison) alors l'interlocuteur jetant le torchon: "Je ne comprends pas ces choix....", "Et les enfants est ce qu'ils vont bien?...", "Ne faites vous pas courir des risques aux enfants?", "Si il y a un accident, êtes vous suffisamment responsables...",... Bref, les choix singuliers nous poussent vers une autonomie plus grande mais souvent accentuent le sentiment de solitude. Dans les moments durs, la solitude est pesante et il faut alors chercher parfois loin, les ressources en nous-mêmes. C'est un peu comme si certains autres se réjouissaient de nos réussites, sans pouvoir toujours entendre les échecs ou plus simplement les difficultés, augmentant ainsi le sentiment de solitude et la nécessité pour nous d'être ou tout au moins paraître (cela est souvent suffisant pour calmer les peurs) complétement autonomes et responsables. (Ce que rarement l'on est).

Globalement notre saison s'est bien passée (restons positifs comme dit souvent Xavier), même si, l'absence de dates à certains moments a pénalisé notre comptabilité et altéré parfois notre bonne humeur (certaines dates prévues sont tombées faute d'investissement des personnes qui étaient censées introduire notre dossier auprès des mairies concernées, il va falloir être plus autonomes encore). Par contre, les solutions imaginées par Xavier ouvrent des possibilités de jouer au chapeau tout en gardant le cap budgétairement et cela va dans le sens d' une plus grande autonomie: plus besoin d'envisager le contrat comme seule solution viable budgétairement parlant. En outre, certaines pistes sérieuses en Aveyron, laissent présager des possibilités intéressantes pour notre saison prochaine. Artistiquement parlant, le spectacle continue à mûrir et il devient pour nous de plus en plus juste, le public, lui, est souvent conquis.

Le gros morceau qui arrive déjà (je ne pensais pas si tôt) est le souhait d'Ysaline d'intégrer une école en vue d'y préparer son brevet, puis un bac, avec bien sur, un programme d'étude ciblé sur la musique et la composition (elle souhaite faire un métier en tant qu'auteur-compositeur). Elle a beaucoup changé ces derniers temps, tout en restant fidèle à ses talents, et elle désire maintenant continuer son chemin, plus autonome et plus engagée seule dans ses choix.... "Magnifique!Mais il va nous falloir étudier cet hiver les possibilités pour toi, en internat de surcroît, le coût que cela implique pour nous, et les possibilités pour toi de venir nous rejoindre quand nous sommes en saison..." Pas simple. Nous avions tout juste acheté la petite Caravette, répondant rapidement à la nécessité de son intimité, nous étions entrain de tenter de résoudre les problèmes liés à l'absence de chauffage dans la Caravette, quand soudain elle nous annonçait son désir de partir.... Aïe, aïe, aïe, quelqu'un aurait-il le mode d'emploi, ou tout au moins l'ustensile qui permettrait de freiner la croissance rapide (parfois très rapide) de l'enfant devenu subitement jeune adulte. Et Mado (11 ans) de surenchérir: "Et moi? C'est quand que je pourrai avoir ma chambre? Est-ce que quand Ysaline ne sera pas là, je pourrai utiliser sa caravane?". AU SECOURS, c'est où qu'il est le bouton pause? Oh! Mon Dieu, qu' elle est déjà loin, très loin notre petite semaine de "vacances" à Portiragnes.

Bref une saison 2013 satisfaisante et prometteuse pour notre spectacle, un hiver qui s'annonce assez éprouvant, même si, l' accord des Toziels pour que nous restions durant tout l'hiver, va certainement nous aider au niveau de la gestion de notre fatigue. Voilà pour le bilan que je souhaitais rédiger depuis un certain temps déjà, sans en avoir la possibilité. Je vais pouvoir bientôt passer au chantier de la Caravette, je ne manquerai pas de joindre des photos, j'espère obtenir un résultat probant. 

dimanche 10 novembre 2013

Tressere dernière station avant le terminus...

Et voilà, nous y sommes arrivés sans encombre. L'accueil est parfait, Guillaume et Gérard viennent à notre rencontre, sourires, blagues et installation rapide du convoi sur la place des Oliviers nouvellement refaite.

Le village est joli et agréable. Nous monterons le chapiteau dès le lendemain, profitant d'une accalmie dans ces régions où les vents soufflent fort. Petit moment en terrasse avec le journaliste de l'Indépendant (Bernard) que j'apprécierai particulièrement. Bernard est motivé, curieux et attentif aux réponses (ce n'est pas toujours le cas des journalistes). Donc un moment de rencontre chouette sur la terrasse de l'épicerie du village.

Le monde sera venu nombreux grâce à la douceur des conditions météorologiques, il fait environ 27°, exceptionnel, alors que l'on est déjà fin octobre. Ne rencontrant aucun problème du côté du montage du chapiteau, j'irai couper des citrouilles avec Mado au cours d'une animation et avec les habitants mobilisés pour la fête.

Nous donnerons deux représentations de notre spectacle. La première sera catastrophique, le bruit de la fête est bien trop fort pour nous permettre de jouer dans des conditions acceptables. Xavier ira d'urgence en informer les organisateurs, qui mettront tout en œuvre pour nous préserver au maximum du bruit autour, lors de notre deuxième prévue à peine 90 minutes plus tard. La deuxième sera très bonne, "Ouf! Nous terminerons la saison sur une bonne impression...". Merci à toute l'équipe de Tresserre!

Déjà, la fête est finie, il nous faut démonter le chapiteau et prendre bientôt la route pour notre retour aux Toziels. Nous sommes contents de notre travail, et nous pensons avec bonheur aux amis que nous allons bientôt revoir et que nous avions quittés il y a déjà 6 mois... Je pense: "Il va me falloir écrire mes multiples articles en retard...". Dans le repos de notre installation aux Toziels, voilà, j'y viens.

La mer!!! La mer!!!

Quel bonheur d'entendre les enfants joyeux crier en sortant des véhicules: "La mer!!! La mer!!!". Dès le lendemain de l'installation de notre convoi, nous avons été sur la plage de Portiragnes passer un moment de détente avec nos enfants à moitié déshabillés fesant des sauts au-dessus des vagues. La température de l'air était d'environ 25°, et la douceur du vent balayait les soucis quotidiens et caressait  nos muscles fatigués.

Au bout du chemin, la côte de Portiragnes

Le matin même profitant du calme de la roulotte, je m'étais échappée à dix mètres avec ma tasse de café, et j'observais avec calme et immobilité, les grues venues se poser en face, le vent dans les roseaux, le calme des eaux tranquilles, les crabes venus me saluer (je suis cancer), avec sur les genoux ma petite Charlotte (le chat) venue me rejoindre pour ce moment de doux ronronnement. Le murmure du vent par vagues successives, et les vagues au loin murmurant au vent , les deux mélodies s'unissant en une douce berceuse harmonieuse. Pur bonheur!


Mes amis les crabes au petit matin
Le convoi avait dû être posé en rang d'oignon sur le bord de route car l'aire de stationnement gratuite non-loin n'accueillait pas les remorques et les caravanes (seuls les camping-car y sont tolérés pour deux nuits)... Nous ne savions pas combien de temps nous pourrions rester sur cet emplacement de fortune, mais à notre grande surprise, les policiers sont passés deux fois par jour, sans nous faire la moindre remarque. Nous sommes donc restés là quatre jours, profitant de la douceur du climat, de la joie des enfants et de la beauté des lieux... Repos tranquille avant notre dernier effort de la saison: les représentations du 24 et 25 octobre, prévues à la fête des sorcières en pays Catalan.

Le convoi commence à être impressionnant...

Je suis un p(n)eu crevée, mais l'Univers fait bien les choses...

Alors que heureux et sereins, nous nous dirigions vers Portiragnes, non loin de Perpignan et, situé en bord de mer, un incident de parcours vint contrecarrer nos plans.

Nous avions l'objectif de nous reposer quelques jours avant de prester notre dernier contrat de la saison à Tresserre, et nous avions choisi pour nous dépayser un peu et nous vider la tête de poser le convoi près de la mer. Les enfants étaient contents à cette idée, de plus, Mado allait fêter tout bientôt son 11 ème anniversaire dans la douceur probable de la région et la joie de sauter à chaque nouvelle vague.

Quand soudain, alors que je longe sur l'autoroute la bande de droite qui est en plein travaux, je sens mon véhicule légèrement mais brusquement déporté. "Cela doit être le vent", je regarde dans mon rétroviseur, constatant qu'il n'y a pas de vent, et je vois une épaisse fumée blanche s'échappant à l'arrière de mon véhicule tracteur.-"Merde! J'ai dû péter le moteur...". La fumée se dissipe et je constate immédiatement qu'un des pneus, de la caravane tout nouvellement acquise, vient d'exploser. Je roule sur la jante. Je m'arrête sur la bande d'arrêt d'urgence, et j'appelle Xavier à la rescousse. Celui-ci me dira plus tard qu'il venait de s'arrêter sur l'aire de stationnement juste après, car il avait senti une odeur de brûlé et voulait vérifier ses propres pneus (ce n'était là que l'odeur de fumée d'un feu que quelqu'un avait allumé dans un champ non loin de l'autoroute!). Xavier me rejoint en 4x4, et constate que notre cric ne fonctionne plus. Les ouvriers qui travaillaient sur la voie, m'ayant vu, se mobilisent pour nous, et fermeront la voie jusqu'à notre convoi, nous mettant ainsi immédiatement en sécurité (Merci Manu et ses collègues!). Ensuite, l'un d'eux nous escortera jusqu'à une petite aire à la sortie de l'autoroute (j'ai crevé à 200 mètres de la sortie). Il nous emmènera jusqu'au fournisseur de pneus le plus proche. Là, malheureusement nous apprendrons que les pneus de la Caravette sont rares et qu'il nous faudra les commander. Le garage qui les commandera est à quelques kilomètres dans la ville de Millau. Nous devrons donc patienter une petite semaine sur place.

Là dessus, Xavier téléphone à un des membres du conseil municipal de la Couvertoirade, devenu un ami, celui là même qui nous avait fait venir jouer durant l'été. Il se trouve qu'il est justement au Caylar, le village où nous sommes coincés, à une petite dizaine de kilomètres de la Couvertoirade. Dans les trois minutes Calou, notre ami, s'était déplacé pour nous, et nous organisait un séjour VIP, au parking de la Couvertoirade (eau à volonté, accès aux douches, électricité branchée par lui même en grimpant sur les murs des toilettes, et chauffage prêté par Jean-Yves un autre ami-commerçant pour palier aux grands froids des plateaux du Larzac).

Nous irons donc manger les crêpes merveilleuses au restaurant de Manu, nous bénéficierons de la machine à laver d'Armelle pour le linge, Ysaline n'aura pas froid grâce à Jean-Yves, nous irons revoir nos amis Jean-Yves et Karen les potiers pour un petit souper chez eux, et nous aurons l'occasion de recroiser Céline, Paulette, Richard et les autres, ce qui fit plaisir à tout le monde. Xavier et moi avons même pu nous promener, regarder les étoiles, et cela sans nos enfants, les sachant en sécurité aux roulottes. Des vrais petites vacances quoi!

L'Univers faisant toujours bien les choses, alors que nous étions, Xavier et moi, assez éprouvés par les semaines de travail et de difficultés rencontrées au cours des dernières semaines en Aveyron, voilà, que nous avions, grâce à la providence de cet incident heureux, une occasion inespérée de repos pour tout le monde. Ysaline, Mado, Gaspard, Erwenn, retrouvaient un peu de légèreté, et Xavier et moi, un peu de temps pour nous-mêmes. Le temps du repos, de la non-action, du recentrage, bref le temps où l'on inspire et l'on se gonfle les poumons de l'air nouveau et vivifiant du Larzac.

Nous sommes repartis regonflés et reposés, tout comme nos pneus neufs sur la Caravette, avec le sourire aux lèvres de nos amis, et nous avions même encore l'occasion de faire une courte halte à la mer... Dans le camion, je fredonnais en moi-même: "La mer qu'on voit danser le long des golfes clairs...


X comme dans Xavier XXL...

Comme nous attendions l’autorisation de jouer de la part de la Mairie de Villefranche et que nous avions compris que l’autorisation serait longue (trop longue) à venir. Xavier mit à profit cette période pour tester une idée qui lui tenait à cœur depuis longtemps…


Place Saint Jean à Villefranche, nous jouerons à côté de kiosque
Il mit au point une petite gazette, mélangeant des articles écrits par moi-même et des articles rédigés par des journalistes concernant notre troupe ou notre spectacle, en vue de la présentée aux divers commerçants de Villefranche. Cette idée devait nous permettre de démarcher les commerçants et les inviter à joindre à notre gazette une publicité de leurs commerces et ceci à bas coût. La gazette serait ensuite, après un travail de graphisme et de mise en page effectué par Xavier, distribuée à 2000 exemplaires au marché de Villefranche de Rouergue (par nous même en déambulatoire). L’objectif visé était de constituer une somme de base dont les bénéfices (tous frais réduits) assurerait à notre troupe un petit revenu de sécurité, et ensuite donner trois représentations de notre spectacle comme convenu et cela au chapeau. Ainsi les risques que nous prenions de jouer devant un public trop peu nombreux ou trop peu généreux seraient palier par ce petit « sponsoring » participatif des commerçants.

Place des Arcades en plein travaux : Certains commerçants sont mécontents

L’opération c’est avérée payante. D’une part 21 commerçants ont répondu à notre requête et ont ainsi publié une publicité jointe à notre gazette. Le bénéfice équivalait à 75% d’une représentation payée. De plus les commerçants s’étant impliqués, se sont mobilisés pour nous amener du public, ce qui pour nous « gens de passage », constitue une aide précieuse. En outre, cela a créé une synergie intéressante entre habitants (consommateurs), les artistes de passage que nous sommes créant une animation, et le soutien du commerce local (les petits commerces étant privilégiés dans notre démarche). Il y eut même des remerciements chaleureux et des rencontres authentiques, chargées parfois d’émotion avec certains de ces commerçants (je salue au passage les restaurateurs de « l’Anvers du décor » et le vendeur de chapeau « Happy tête », je remercie tous les autres de nous avoir soutenu). Nous aurons, in fine, joué la première devant 11 personnes, la seconde devant 50 personnes et enfin la troisième nous devrons refuser du monde : le chapiteau était rempli comme un œuf (90 personnes). Le public conquis et généreux: nous aurons donné trois représentations pour un prix équivalent à un peu plus de deux, sous contrat.


Bref, l’attente fût longue, mais payante. L’idée nous semblant bonne, nous espérons pouvoir la pratiquée en d’autres endroits lorsque nous jouerons au chapeau, nous permettant de jouer sous cette forme, certes autonome (liberté chérie) mais, toujours risquée sur un plan purement économique.

Certains ayant pris la peine de lire le titre de cet article et connaissant mon esprit parfois taquin, se seront peut-être dit que je voulais parler de l’embonpoint de Xavier. Je corrige d’emblée avant que celui-ci ne me tombe dessus, (il fait un peu moins de deux fois mon poids, c’est un peu lourd pour moi !), il ne s’agit pas d’embonpoint mais d’une musculature importante (surtout au niveau des abdos) car tout le monde le sait : Xavier n’est pas enveloppé, il est musclé, et il ne perd pas ses cheveux pour devenir « bêtement » chauve, il a juste le front large et intelligent. Rien de tout cela donc dans mon titre, juste l’occasion de dire publiquement que je suis fière (ayant plutôt été sceptique au début) de la portée de son idée, tant au niveau de sa réalisation, qu’au niveau de ses retombées heureuses pour nous et pour les commerçants venus nous remercier.

Et pendant que les uns bossent dur, les autres se prélassent avec délectation
Actuellement les temps sont durs et ils le sont certainement pour de plus en plus de gens. C’est pourquoi il est toujours important de dire à ceux que l’on aime et que l’on aime parfois par habitude, combien on est heureux de partager leurs réussites avec eux. Et même si la réussite est modeste, c’est une réussite méritée par un travail, un déterminisme (voir un entêtement) dont mon compagnon ne se départit que rarement. Je suis donc une femme XXS (entendez par là bien sûr : je suis extrêmement mince et svelte et non pas maigre) qui accompagne avec bonheur un homme XXL au front large et intelligent ! 

Xavier XXL en plein travail de communication.(On peut deviner la naissance de son front large et intelligent)

lundi 4 novembre 2013

Quand le mal est fait.


Certains auront sans doute remarqué l’absence soudaine de mon article, posté le mois dernier sur la Gazette (« Propriété quand tu nous tiens… »). S’il m’avait fallu cinq jours de réflexion pour le publier car il impliquait deux de mes amis proches, il me fallut à nouveau trois jours pour le retirer car j’avais estimé l’article intéressant, suffisamment en tout cas pour le rendre public. Mais voilà, la manière dont cet article avait été écrit impliquait de façon directe, sans doute trop, deux de mes amis, et à la lecture de celui-ci, j’apprenais (par ma fille) que mon article avait fait souffrir non seulement les personnes directement impliquées dans l’histoire (ça je m’en doutais), mais par l’effet « du battement d’ailes des papillons », il avait également fait souffrir à l’exponentielle des personnes proches mais pourtant extérieures au récit.

Si, concernant mes amis, j’avais pris la peine d’évaluer durant 5 jours les risques que je prenais en publiant un tel récit, je n’avais pas mesuré les conséquences éventuelles que pourrait avoir l’histoire sur les personnes autour non impliquées. Concernant mes amis, je m’étais dégagée du problème, en considérant que le mal étant fait, je ne pouvais en faire plus, je ne pouvais que tenter d’analyser, par la retranscription des faits, ce qui au juste avait tant fait souffrir Xavier et moi-même, et par là ouvrir aux autres (par la publication) une réflexion sur nos façons d’aimer, nos limites, nos incapacités, et nos enfermements (la propriété ou la non-propriété pouvant être vécues comme des enfermements). Je ne me suis plus préoccupée de la souffrance de mes amis puisqu’elle fût exprimée par leur malaise au travers leurs propos, de plus, j’avais compris que notre seul départ ajouté à notre désolation pourrait peut-être les soulager. Je pense que ce fût le cas.

Certaines personnes m’ayant fait part de leur perplexité quant au retrait de ce texte et jugeant "peut-être injuste" de l'enlever, il m’apparaissait important d’expliquer les raisons de ce retrait. Je reparlerai donc encore certainement des questions suscitées par cet épisode douloureux de notre aventure, car lorsque le nomade voyage il est régulièrement confrontés à ces choses là avec plus ou moins de difficultés mais son vécu particulier peut aussi se rencontrer dans tout trajet humain, les blessures liées à ces expériences sont souvent aigües. En voyage, il est simplement plus facile de s’en dégager car les personnes rencontrées sur un terrain de tension ou de conflit, sont généralement inconnues : On lève alors les yeux au ciel et l’on se dit en ricanant « quel con ! » (Le con étant rarement soi-même, mais que l’on se rassure l’autre con pense bien sûr la même chose de vous !) et cela est facile car le dit « con » est souvent juste croisé et n’a aucun lien avec vous. Ce ne fût donc pas simple pour Xavier et moi, car ici, il s’agissait d’amis et il fût dès lors difficile de préserver la sérénité pourtant si nécessaire pour continuer notre route tout en préservant les moments de belles amitiés que nous avions partagés par le passé avec ces amis dont, à présent, nous heurtions brutalement mais bien  involontairement  les limites (et cela était sans doute réciproque). Mon objectif n’étant absolument pas de rajouter de la souffrance par-dessus la souffrance sans toutefois nier cette « incommodante » quand je la sens, j’ai donc décidé d’enlever sous cette forme peut-être « trop personnelle » cet article, ne voulant pas prendre le risque qu’il ne soit reçu comme un simple déballage émotionnel (surtout pour les personnes non impliquées) et non pas comme une réflexion et une analyse tirées d’un vécu douloureux, ce qui est, en tout cas pour moi, très différent.

Les questions restant actuellement posées et ayant pour moi un intérêt sont les suivantes : Que peut- on dire ? Comment peut- on le dire ? Si j’avais écrit une fable dont les initiales auraient été Y. et X., mon article aurait- il été mieux reçu par les personnes impliquées ? Faut-il se taire lorsque l'autre est inconscient? Pourquoi la souffrance est- elle toujours si difficile à recevoir ou à dire ? Faut-il protéger l’autre de sa propre souffrance par des tentatives d’évitement ou de silence ou encore de jugement et d’agressivité ? Lorsque l’on protège l’autre, n’est ce pas une manœuvre de l’esprit pour se protéger soi ? De quoi veut- on se protéger, si ce n’est d’un sentiment coupable inconfortable ? La souffrance n’est-elle pas le signe d’une limitation sans que cela implique obligatoirement la notion de culpabilité ? Les difficultés d’expression de soi ne sont elles pas liées à de la culpabilité ? La culpabilité n’est- elle pas toujours une « parade » pour éviter nos zones d’ombres (l’inconscience) ? Est –il possible d’être Humain (limité à un corps) et pourtant aimer (c'est-à-dire élargir nos limites à l’autre) ? Nos limites à l'autre ne sont-elles pas parfois des limites à nous-mêmes? Est-il possible d'aimer sans pouvoir poser ses propres limites?

J'aurais encore sans aucun doute à apprendre à me taire comme dirait Y. (une personne proche de moi que j'aime beaucoup, ne cherchez pas à qui appartient l'initiale, cela engendrerait sans doute des problèmes!). Mais cela ne veut pas obligatoirement dire "la fermer", cela veut dire poser les questions, utiliser les mots les plus justes, ce sont sans doute les moins blessants, tout en apprenant si il y a souffrance, à observer cette dernière sans la juger. Cela suppose aussi de pouvoir rester en-dehors du champs de souffrance de l'autre, car ce qui est à l'autre est toujours hors de portée et c'est cela même qui constitue la beauté et la difficulté du "voyage relationnel". Bref, j'ai encore quelques bons milliers de kilomètres à faire concernant ce voyage là, mais cela tombe bien car il est le seul qui m’intéresse réellement.

Les questions sont posées et j’aime qu’elles restent sans réponse, à dire vrai plus je vieillis moins j’ai de réponses radicales. Plus la réalité me semble complexe plus la notion de ce que l’on appelle « vérité » me semble indéfinissable et intimement liée aux seuls individus. Toutes ces questions constituent le terreau dans lequel j’évolue, et malgré le fait de ne pas vouloir posséder les réponses, je trouve pourtant intéressant de les poser encore et encore, et sans relâche car je constate que lorsqu’on croit avoir les réponses sur ces questions là, les pires dérapages ou les plus médiocres affirmations sont lancées, créant ainsi le vent, qui à son tour crée la tempête. La tempête passée, l’on constate les dégâts, les abîmes, les fossés et l’on se dit encore une fois, toujours une fois de trop : « Le mal est fait ! ». Ce n’est pas grave, ce sont juste des dommages,… Dommage, oui… Il y a sans doute à mieux vivre, à mieux être et nul n’est épargné par le chemin, je trace donc ma route et je ne doute pas que tout ceux croisés sur mon chemin continuent la leur, je leurs souhaite le meilleur comme à moi-même, même si pourtant souvent dans la tempête, l'on pense avoir vraiment rencontré le pire. Je termine par cette ultime question: Ne dit-on pas s'aimer pour le meilleur et pour le pire? Je tente une réponse: On a sûrement essayé de s'aimer...