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Sur le bord des berges à Homps... Bientôt Félines, chez Paulo. |
A peine finies nos dates sur Homps,
nous nous mettons en contact avec Paul, un spectateur rencontré à
Homps et qui après le spectacle nous avait proposé de passer chez
lui, si nous en avions besoin ou envie. Il avait un peu de terrain,
disait-il, et cela ne lui posait aucun problème. Nous ne
connaissions pas encore les contreforts de la montagne noire dans
l'Aude et nous trouvions que c'était une belle occasion de nous
poser deux ou trois jours afin de souffler un peu, dans cette région
du Minervois, sur les hauteurs de Felines à 250 mètres au-dessus de
la plaine, légèrement à l'Est de Carcassonne. Nous voilà donc en
route vers notre nouvelle destination à environ 20 km de Homps,
soulagés, nous pensions donc en avoir pour 45 minutes de trajet à
peine. Si en effet, la route fût rapide, l'arrivée fût plus
éprouvante : il ne s'avéra pas simple de garer notre convoi
sur la parcelle de terrain. Au bout de deux heures de manœuvres
difficiles, Paul alla chercher son tracteur pour tirer le tout (la
roulotte principale, et le 4X4). Je priais pour qu'on en finisse sans
casse et que l'on puisse enfin se reposer, heureusement nous n'avions
pas nos enfants; les uns chez leurs grands- parents, l'autre à la
mer, et la dernière chez une amie. Ainsi, nous évitions le stress
lié à la gestion des enfants dans ce mic-mac de manœuvres
improbables. On était un peu loin de l'idée de repos...
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Arrivée sur les hauteurs de Félines Minervois |
Toutefois, observant discrètement Paul
que je ne connaissais pas, je fût frappée par son sourire et son
énergie. Il courait d'un point à l'autre tel un cabri, guidant,
signalant un obstacle, posant des questions, et toujours ce rire
particulier qui ponctuait régulièrement ses remarques :
« Peut-être faudrait-il passer par là ? Peut-être
faudrait-il dés-atteler et tenter la manœuvre dans l'autre
sens ? ». S'interrogeant tout haut : « Oui,
vous êtes crevés? Je comprends... ». Enfin, une fois le
convoi relativement installé grâce à la force de son tracteur, il
nous suggère de nous poser là. « Vous fignolerez après!...
Venez que je vous montre la maison... je vous présente aux
amis... ». Je lui demande timidement : « Tu
t'appelles Paul ou Paolo ou Paulo ? En fait, c'est quoi ton
nom? »Il répond : Paulo ... Il précise :
« En fait, c'est Paul, mais « Paulo » pour les
intimes »... En moi-même, je me questionne :
« Sommes-nous suffisamment intimes ? Dois-je l' appeler
Paul? », et irrésistiblement, je sens que c'est foutu; je
glisse déjà vers l'envie curieuse de lui poser plein de questions.
Car « Paulo », est grand,
il est beau, il a un sourire accroché aux lèvres, un sourire un peu
coquin, comme celui des enfants, il est un peu comme un enfant qui
s'est fait homme. Un homme de valeurs qui a su préserver l'énergie
et la joie de l'enfance. Il est fort, non pas fort de ses certitudes,
mais fort de ce courant joyeux qui, quand il court, anime son grand
corps. Il pose des questions mais quand vous y répondez, il est déjà
prêt à vous en poser une suivante. Il est curieux, il semble
sensible à la souffrance, mais comme protégé par un bouclier de
douceur, il désarme de son sourire, l'angoisse, la peur, le doute.
Il a les mains solides des travailleurs manuels et de la terre, il
dit qu'il vit juste au-dessus de la pollution, il a des vaches, et un
taureau (c'est le taureau le plus doux), un chien qui s'appelle
Zébulon. Il est amoureux de sa compagne, de cette nature parfumée
qui l'entoure, gourmand de la vie, de ses enfants et ceux des autres,
de ces arbres tout autour qu'il aime et qu'il travaille. Plonger en
« Paulo », c'est comme plonger dans un bain de jouvence,
dans des eaux tièdes et douces, c'est s'éclabousser et puis rire,
c'est apprécier les belles choses, c'est sentir l'odeur du bois,
c'est contempler à travers lui ce qu'il reste de sa propre
innocence. C'est regarder l'intact. Alors pour moi, c'est décidément
« Paulo » et je suis heureuse qu'il m'ait offert une part
de cette intimité...
Alors levé de rideau sur cet
« enfant » fait homme qui connu, les roulottes,
l'instruction à la maison, l'amour de ses parents, et la magie du
théâtre...
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Paulo et son ami Greg à gauche sur le toit de la roulotte... |
Quel est ton nom ? Dautais
Paul, ma mère et les intimes
m'appelle « Paulo »
.
Ton âge? 34
ans. Je suis né le 24 février 1980. Il ajoute amusé : « J'ai
eu mes 24 ans le 24 du 02. 2004. C'était le mieux (le meilleur
anniversaire) ; J'ai invité plein d'amis et c'était un
anniversaire que de gâteaux! ».
Comment es-tu arrivé à
Félines ? Après
neuf ans, ma mère en avait marre du climat trop humide du Tarn, on
arrive et on s'installe dans le presbytère de Félines, mon père
avait un atelier en-dessous. C'était une belle période, on allait à
l'école et mes parents allaient se promener, on jouissait d'une
facilité financière liée à la vente de nos biens dans le Tarn. On
se retrouvait au centre du village, mon père (Franck) ne le
supportait pas et il a voulu retourner dans le Tarn, mais nous avions
des cours de théâtre ici à Félines, et nos amis étaient ici. Ma
mère ne supportait pas mieux le climat, finalement nous sommes
revenus à Félines, nous y avons acheté un terrain et construit
notre petite maison. J'ai alors 13 ans et je récupère la roulotte
dans laquelle nous avions logé, la roulotte devient ma chambre, et
ma sœur Viviane occupe un petit chalet.
Quel est ton travail? Je
travaille le bois. Je suis dans le bois jusqu'au cou (il
rit).
Je suis charpentier, c'est mon diplôme de charpentier qui m'a permis
de me payer ma première vache, que j'avais nommée « Éléonore »
du prénom de ma prof de français.(Je demande : « elle
était vache?), il enchaîne souriant : « non pas du tout,
au contraire, je l'adorais! ».
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Le tour à bois dans l'atelier de Paulo |
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Erwenn recevra un joli couteau fait par les mains habiles de notre ami |
Quel est ton parcours
d'étude? J'ai
fait 5 ans à Toulouse chez les compagnons (la Fédération
Compagnonique). J'avais été à l'école élémentaire, puis à
l'entrée au collège, l'école ne me convenait plus. Mes parents
m'ont gardé à la maison, j'ai bénéficier du savoir faire de mon
père en ébénisterie pendant 3 ans, et quand j'étais prêt, mûr
pour quitter ma « tribu », je suis entré aux compagnons,
je suis tombé sur des supers profs. C'était le moment parfait pour
quitter ma famille, me former comme charpentier, faire des
connaissances en vivant à Toulouse.
Quelle est ta maison
aujourd'hui? J'ai
récupéré la maison de ma mère qui en avait fait un lieu de vie,
un lieu d'accueil pour les enfants en difficulté. (La maman Mireille
occupe encore cette maison, et la cohabitation se fait très
harmonieusement les uns et les autres bénéficiant de leur espace
intime et personnel). Il enchaîne : « Je conçois bien la
roulotte en voyage mais pas en habitat sédentaire. » (Paulo a
encore sa roulotte sur une partie de terrain mais il ne l'habite
pas.)
As-tu des passions? Oh !
J'en ai plein ! La musique, la clarinette, l'agriculture... Je
suis très agricole... J'aime aussi mon métier car j'y travaille
beaucoup de matériaux différents, j'aime la marche pour découvrir
d'autres endroits et d'autres gens. J'aime le changement.
Vis-tu en couple? Oui,
carrément !!! C'est quelque chose qui m'est important. J'aime
le quotidien. Le partage du quotidien avec quelqu'un : la
cuisine, les tâches, l'éducation des enfants, la vie de la maison.
J'aurais du mal à croire que ce partage n'est pas possible.
As-tu des enfants? Quatre.
Il se reprend et précise : « enfin, deux à moi, et deux
à ma compagne. »
Si tu étais un arbre?J'aime
beaucoup les arbres... J'y avais déjà réfléchi... (Il
se concentre en mangeant
une pêche)...
Y'a des arbres qui vivent pas seuls. Je pense que j'aimerais être le
frêne. J'aime sa franchise. Il peut être, au bord de l'eau ou en
montagne, isolé ou avec d'autres. J'aime autant son bois que l'arbre
lui-même.
Une plante? Pour
le moment je suis dans la garrigue, donc ça pourrait être l'
aphylante... Très riche pour les vaches... C'est dans les plantes
que je puise beaucoup l'énergie vitale, c'est difficile d'en choisir
une. Quand je vais mal, je les regarde et je ressens leur énergie,
elles me ressourcent.
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Le barrage en contre bas du village où l'on se baigne |
Un animal? Ils
ont pas la bonne place les animaux... Je serais un animal volant. Les
animaux on les séquestre, on les martyrise. Les animaux domestiques
subissent des choses violentes, les sauvages, ont de moins en moins
de place. Et puis, le fait de découvrir le monde d'en haut, c'est
bien. Vivi (sa compagne) m'a offert, pour mon dernier anniversaire,
un baptême en parapente, c'est très agréable !
Une épice? La
cannelle. C'est doux et en même temps c'est fort... Il
ajoute gourmand :
Et puis ça se marie bien avec les pommes !!!
As-tu des regrets? Oui,
j'en ai un. Il est lié à la séparation avec mon ex-compagne. J'ai
du mal à comprendre qu'avec quelqu'un de si proche, on soit
« fâchés ». J'ai du mal avec cette douleur, ce conflit.
Ça me fait penser à la guerre. J'ai du mal à comprendre qu'après
7 ans de vie commune, on puisse ne plus se comprendre.
As-tu des rêves et les as-tu
réalisés? Oh !
J'ai plein de rêves ! Mais je me dis qu'à 34 ans, j'en ai déjà
réalisés pas mal... Si j'arrive à en réaliser autant les
prochaines 34 années, vraiment je suis content !
Quel est ta vision du monde
actuel? Je
vois un monde assez égocentrique. A plus petite échelle, celle de
mon pays, on est trop égo centré... Il
cherche ses mots...On
est trop dans l'individualisme... Ayant
trouvé le mot qui lui convient, il enchaîne...
Je souhaite que le monde ait moins peur, qu'il y ait plus de
gentillesse... Qu'il y ait moins de peur, peur de vivre. Que l'on
favorise le côté positif, qu'il y ait plus de douceur. Il
fait une parenthèse soudaine... On
a un très beau film à voir : c'est quatre enfants issus de
quatre coins du monde, ils doivent faire le chemin pour aller à
l'école en faisant face aux plus grandes difficultés. Ce film parle
d'amour, de bienveillance. Il y a entre ces enfants une énorme
solidarité... Il
revient à son fil initial...On
a une sacrée chance et on se plaint ! On fabrique de la
misère !Songeur,il
semble s'interroger tout haut...Peur
de quoi ? De manquer ? On a tout. Trop.
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clin d’œil d'un papillon lors d'une de mes promenades contemplatives |
As-tu une devise? J'avais
fait un panneau : c'était une roulotte qui était cachée par
une maison, l'idée était : « Une vie peut en cacher une
autre. »J'avais aussi fait un écriteau à l'arrière de la
roulotte : « Profites de vivre un jour à 5 km/h! »
Que serait le bonheur pour
toi? Avoir
des enfants en bonne santé...Il
réfléchit...
Cette liberté que l'on a à se construire aussi.
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Erwenn joue avec Paulo |
Es-tu heureux? Un
peu mon neveu !!!
Il
marque un temps et plus sérieux il ajoute:Non,
j'ai vraiment pas à me plaindre !
En tant que père souhaiterais-tu
transmettre quelque chose de particulier à tes enfants?Oui,
cette joie de vivre que l'on m'a donnée. Après, ça fait tout le
reste !
Ton/ta pire cauchemar, angoisse,
peur? Perdre
un enfant. Il
revient sur un souvenir d'enfance:Quand
j'étais en 6ème, au collège, pendant un an, je me voyais au bord
d'un bassin de tannerie, et j'avais peur de savoir que je pouvais
tomber dedans. Il
vient à un souvenir plus proche et raconte en rigolant:Un
an avant de me séparer, je pédalais sur un vélo aux roues beaucoup
trop petites.
Ta vision de la relation aux
autres?L'échange ?
Il s'interroge
tout haut ? C'est
possible ça ?...Il
précise:moi,
je me sers beaucoup de la bienveillance : pas de jugement, de
poids, de pression sur les autres.
Es-tu libre? Je
me sens assez libre. Il y a quand même une petite ancre due à
la séparation : je ne peux pas m'éloigner trop loin ou trop
longtemps avec les enfants, j'aimerais voyager avec eux, peut-être,
je le ferai plus tard.
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Une des roulottes construite par Paulo |
Sur quoi penses-tu encore devoir
travailler? Je
suis trop dans le « faire », j'aimerais être plus dans
« l'être ». J'ai déjà travaillé dessus, mais y'a
encore du boulot.
En quoi as-tu vraiment
progressé? Au
moment de la séparation, j'ai raboté mes idéaux...Il
précise:Par
exemple, j'avais vraiment dans l'idée de polluer le moins possible,
je pouvais aller très loin et souhaiter la suppression de
l'électricité, de la voiture, etc... Je me rend compte que
certaines choses simplifient la vie, j'étais trop radical. Ce n'est
pas bon d'être radical.
Comment vois-tu la vie, la
mort? Je
pense que l'on a tous quelque chose à amener ici, nous ne sommes pas
là par hasard. J'espère poser mon petit grain de sable dans
l'océan, avoir le moins peur possible des gens pour leurs permettre
aussi de déposer leur grain de sable. Enlever les peurs, toujours la
bienveillance... Il
réfléchit et va aborder la mort...Je
n'ai aucune culture religieuse, je suis athée, je ne me pose pas la
question de savoir ce qu'il se passe après la mort, je ne veux pas
souffrir. Je suis un carnivore tueur, je peux enlever la vie à un
animal ou une plante. Je serais content d'être enterré aux pieds
d'un arbre pour pouvoir le nourrir. Je pense que l'on ne meure pas
tout à fait : par notre empreinte, on peut aider à faire vivre
les autres. Je voudrais choisir l'endroit de ma mort, je vais
m'organiser pour... Si ce n'est pas possible en France, je le ferai
dans un autre endroit. J'ai plus peur de la vieillesse que de la
mort.
A ton dernier repas que
dirais-tu? J'ai
bien croqué la vie!Il
ajoute en riant:C'est
pour ça que j'adore les pommes !
Qu'est ce qui te met en
colère? L'injustice
me fâche, en fait, je suis attristé plutôt, les guerres
m'attristent...Il
s'interroge:Je
ne sais pas si j'ai eu droit à la colère, j'ai pas l'impression
d'être très colérique... Je sais pas ?
Quelle est ta plus belle
qualité? Je
ne suis pas assez orgueilleux pour savoir dire vraiment mes
qualités...Je pense que c'est une qualité d'être joyeux, je me
suis organisé pour être généreux, je suis content de rendre
service, ça me rend heureux.
Ton plus gros défaut? D'être
un poisson. Il
explique:Je
suis du signe astrologique poisson, la peur d'être en conflit me
fait parfois détourner l'autre. Il
fait des mouvements sinueux de la main comme les mouvements des
poissons...Pour
éviter de dire les choses frontalement, je peux parfois devenir
mesquin ou incorrect vis-à-vis de l'autre.
Quel est pour toi le comble de la
misère? Être
français et pourtant triste. Y' en a qui veulent, la « blondasse
décolorée », la porsche et la maison « Phoenix »,
et c'est toujours pas bon. Y'en a qui ont plein et ils veulent
toujours plus.
Le comble de la connerie? Faire
des enfants pour les autres. Les confier à une nounou, déléguer
l'éducation à l'école, et puis tenter de combler l'absence
d'affection par des cadeaux, du superflu. J'ai vécu mon enfance dans
le Tarn, l'eau gelait en hiver et en été y'en n' avait parfois pas,
parfois il n'y avait pas d'électricité, et pourtant j'ai bien vécu,
il y avait toujours l'amour de mes parents.
Qu'aimes-tu chez les enfants? La
part du rêve, la candeur, ils peuvent laisser le côté « mental »,
tout est possible pour eux. J'ai fait trois séances chez un psy au
moment de ma séparation, et en même temps, j'ai fait du chant. Le
chant, pour moi, était plus thérapeutique que la trituration des
méninges ! Les enfants ont cette facilité à être dans le
ressenti et le moment présent ! J'essaie d'orienter ma vie vers
l'intention et non pas la volonté. C'est pas du débourrage !!!
On débourre les chevaux, c'est d'ailleurs un très mauvais terme, il
faudrait adopter le cheval. Quand on est dans la volonté, on se
prend des baffes.
Comment vois-tu le
couple? J'aimerais
que ce soit un partage, mais on n'est pas formé à ça et pourtant,
l'union fait la force ! Il y a trop de différences soulignées
dès le plus jeune âge entre les filles et les garçons. Chaque
individu a besoin de s'épanouir quel que soit son sexe. Il faudrait
sans doute que l'on nous donne des cours pour se faciliter la vie.
Avec ma sœur, il n'y a pas eu trop de différences soulignées entre
la fille qu'elle était et le garçon que j'étais. Tout le monde
doit participer aux tâches et à la « vie » d'une
maison, la fille devrait accéder à la « survie » de la
maison. La complémentarité est bonne, il est normal que nous
n'ayons pas tous les mêmes compétences, mais, s'occuper juste de la
vie de la maison et des enfants, ça génère de la frustration, ça
ne remplit pas la vie d'une femme. Les mamans oublient de transmettre
les choses vitales de la maison : le nettoyage du linge, le
balai à passer, la vaisselle, l'ordre... Après le garçon a 18 ans
et il est toujours pas fichu de se prendre un peu en charge. J'ai pas
mal d'amies qui seules et songeant à se remettre en couple avec un
homme me disent : « J'hésite, si je reprend un homme à
la maison, j'ai l'impression que ça me fera un enfant en plus! ».
Comment veux-tu que ça fonctionne avec ce genre d'idée, c'est déjà
foutu d'avance !
Ton livre de chevet? Les
livres pour enfants d'André Dautel, ils m'ont donner envie de lire
et de partir dans des voyages imaginaires. Je n'ai jamais lu les
livres de Castanedas, mais mon père m'en a transmis la substance, ce
sont des livres d'initiation et ils donnent de l'énergie de vie;
j'aimerais en lire un jour. Il y a aussi « Petit arbre »,
je ne me souviens plus de l'auteur, c'est le parcours d'un jeune
trappeur qui apprend la vie à travers la nature et l'enseignement de
ses grands-parents trappeurs.
Un film? « La
vie est un miracle » d'Emir Kusturica et le magnifique film
« La vie est belle » (La Vita e Bella).
Une musique? La
musique tzigane car on y entend le rythme du cheval. J'aime aussi le
titre « La vie est folle » de Jacques Higgelin.
Il conclut en s'apercevant qu'il tourne très fort autour de cette
idée de « Joie », et, il confirme mon intuition :
Paulo (vraiment, je ne pourrais pas l'appeler Paul) m'évoque
Bouddha, pas le long Bouddha en méditation, mais le gros Bouddha
généreux qui rit et incarne la joie profonde. Nous nous regardons,
il me parle encore de la joie en allant mettre la chanson d'Higgelin
sur son installation, je reste dehors, achevant d'écrire à la hâte
mes dernières notes. Je me prépare à quitter sa terrasse, je veux
lui dire une dernière parole, mais il est déjà ressorti et dans
mon dos il parle avec sa maman (il est invité par sa maman Mireille
pour un déjeuner avec elle), il rassure Mireille, il s'occupera des
poules qui se sont échappées de l'enclos où elles sont gardées.
Son chien Zébulon, bat de la queue à côté de lui, la langue
pendante et... Le sourire aux lèvres (la joie serait-elle
contagieuse?). Je me lève, pleine de l'univers de Paulo, je me
retourne et je l'appelle une dernière fois, je lui fait part de mon
envie de l'embrasser et de le remercier. Il rigole, il m'accueille,
ses deux grands bras ouverts. Je souris, je m'en vais vers mes
roulottes et me retrouve, à chaque nouveau pas, un peu plus...
dense, un peu plus lourde... Mais aussi, admirative de ce don
particulier qui est le sien. Oui, Paulo a raison: la Joie est
définitivement une très belle qualité, et si il lui manque
l'orgueil pour s' en allouer une seule, moi qui me suis efforcée de
le regarder un moment, je lui offre sans hésitation le titre de
« Maître » dans cet art.
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Bientôt, il faudra quitter les hauteurs et regagner la plaine de Carcassonne. |