Ce matin
tôt, après avoir bu mon deuxième café, j’ai failli m’étrangler en
entendant que les femmes allaient payer 9% plus chers leurs contrats
d’assurances- auto. Pour une fois que je me levais à l’aube, je n’ai pas été
déçue ! En effet, les assureurs ont décidé d’augmenter les contrats
d’assurances-auto pour les femmes jusqu’à égaliser la valeur de celui de leurs
homologues masculins, et cela, bien entendu, au nom de l’égalité des sexes.
Une fois passé le choc financier en cette
période de crise, je n’ai pu m’empêcher d’anticiper sur toutes les perspectives
d’égalité qui s’offraient enfin à moi et dont je manquais cruellement à ce
jour. On m’avait dit que le 21 décembre 2012 serait le jour de la fin, j’avais
espéré que ce serait le jour du grand début, et bien, je ne suis pas déçue :
ça commence fort…
Suivant la logique des assureurs, qui n’ont
pas tenu en compte la plus grande prudence des femmes au volant et leur plus
grande lenteur, je me réjouis déjà des possibilités plus ou moins heureuses que
cette nouvelle engendre dans mon petit cerveau embrumé (surtout tôt le matin).
Simone de Beauvoir n’aura pas lutté pour rien. Le deuxième sexe est enfin aussi
premier que le premier. Enfin, un juste hommage
est rendu à toutes ces emmerdeuses comme ma mère qui m’ont dit et répété
que : « la liberté des femmes, et donc la mienne, c’est fait, et
c’est un peu grâce à elles ! ». C’est vrai qu’aujourd’hui
particulièrement, on peut se réjouir de prendre un volant en toute égalité.
On va pouvoir, rouler plus vite et moins
prudemment, ne plus se contenter bêtement de créer lors de nos accidents de la
simple tôle froissée. Revenant des courses, après avoir été chercher les
enfants à l’école, tout en téléphonant sur le portable (c’est dangereux mais passible d’amende, donc tout va bien) au médecin de famille pour prendre
un rendez-vous pour le petit dernier qui a une vilaine gastro, pensant à ce
qu’on va faire à manger ce soir en écoutant le deuxième (enfant) qui énumère ses
devoirs, tout en pensant en même temps au souper de Noël qui approche,
« merde j’ai oublié d’acheter des croquettes pour le chat , tant pis
il faut encore donner le bain et il est déjà 19h00 », on va donc pouvoir
appuyer sur le champignon et pourquoi pas écrabouiller enfin la petite vieille qui
passe tous les jours à la même heure avec son cabas chargé de poireaux parce
que justement elle est vieille et que les vieux c’est pas rentable, ça sert
donc à rien ! Et ça mesdames, ce n’est que la première des perspectives…
Oh ! Comme elle va être drôle la tête
de mon gynéco quand je vais lui expliquer qu’étant égale à mon homologue, je
désire maintenant un examen de la prostate, et dans la foulée, je propose de
prendre d’ores et déjà un rendez-vous urgent pour mon mari qui a tendance à se
négliger, (mais le pauvre est un peu surbooké par les enfants et les tâches
ménagères), de prendre donc un rendez-vous, pour une mammographie, un frottis
vaginal les pieds dans les étriers, et soyons folles, un vaccin pour le cancer
très probable de l’utérus, ah, et aussi des prises de sang, car je soupçonne
que son irritabilité est liée à sa pré ménopause… Ensuite, fatiguée par ma
grosse journée de travail et mes multiples responsabilités, mais jamais en reste d’une libido explosive, j’irai
rejoindre mon petit homme dans le lit pour un petit quick-quick rapide et performant,
avec un orgasme dans les 3 à 4 minutes, je pourrai m’endormir sereine et la
bouche ouverte jusqu’au lendemain en faisant des rêves reposant puisque je ne
m’en souviendrai pas ! (Mais c’est là, précisément, que réside l’intérêt reposant de
l’inconscient puisque justement, il n’est pas conscient…) Je pourrai enfin rêver
à l’organe mâle, car Freud le savait depuis longtemps, je souffre cruellement
de ne point en avoir (la nature est injuste et si elle appliquait simplement les règles
des compagnies d’assurances tout fonctionnerait beaucoup mieux.)
Non, vraiment, je fus réjouie ce matin
de constater à quel point les assureurs ont su simplifier les nombreux
problèmes posés par la troublante singularité des femmes et leurs années de
lutte acharnée à la recherche d'idées concrètes des concepts compliqués et liés à « l’égalité et la
liberté »… Mais il est vrai qu’ils étaient sans doute majoritairement des
hommes, et donc plus rapides, et nous sommes des femmes donc, comme nous
l’avons vu, en terme de conduite et de sexe au moins, nous sommes plus lentes,
voir prudentes, peut-être trop. Mais tout ceci est enfin rentré dans l’ordre
d’un monde qui sent déjà le neuf… Y’ a juste une question que je me pose, mais bon c’est
un détail…
Comment vais-je payer les 9%
supplémentaires réclamés par mon assureur, alors qu’aujourd’hui je touche
encore 9% de moins de salaire que mon homologue masculin ? Mais bon, je n’ai jamais
bu que deux cafés, et la solution n’apparaît pas encore dans mes connexions un
peu lentes et prudentes, et puis je fais confiance aux hommes ils doivent
certainement avoir déjà des solutions.
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