La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

lundi 11 novembre 2013

Installation pour l'hiver et bilan de notre saison 2013...

Voici une semaine que notre convoi est arrivé aux Toziels, le éco-hameau sur la commune de Rouvenac. Le temps pour nous de nous poser: de résoudre les problèmes d'approvisionnement en bois, de saluer tout le monde, d'évaluer notre situation financière, de faire des courses de première nécessité de résoudre quelques petits problèmes avec le voisinage, de résoudre les problèmes de lavage de notre linge (l'accès éventuel à une machine, n'ayant pas d'eau courante sur les Toziels et ayant trop de quantité à laver à la main), évaluer ensuite les multiples travaux nécessaires sur la nouvelle Caravette acquise récemment, apporter une solution rapide et efficace à l'absence de chauffage pour la Caravette, mettre à jour le site avec les dernières étapes de notre périple de l'été, et assurer bien sur, dans le même temps, toutes les tâches habituelles (instruction, ménage, et intendance), écouter, le soir venu souvent, les multiples problèmes de nos enfants... Et... Prendre le repos du guerrier... Celui-là n'a pas encore été pris!

Cela fait donc quelques jours que croisant l'un ou l'autre sur mon chemin et me demandant: "Alors? Bien installés?", je fais face à la question mais ma réponse tarde à venir. Je suis partagée entre la joie d'avoir pu retrouver certaines personnes appréciées et en même temps la confusion, l'agitation et la fatigue au nombre de choses à résoudre s'empare de moi et englue lamentablement dans la gadoue de mon esprit, ma bouche qui, elle, ne sait que répondre. Et oui! J'avais attendu ce moment du retour, j' avais fantasmé un retour reposant et ce fût en réalité un retour éprouvant et difficile.

Aux petits conflits et tensions avec le voisinage (qui ne sauraient tarder à se résoudre) sont venus s'ajouter des problèmes financiers (nous avons trop dépensé d'argent sur les deux derniers mois, pensant en avoir plus), ce n'est qu'en consultant nos comptes à notre retour que nous nous en sommes rendus compte, créant ainsi un trou dans notre budget qui aurait pu être évité si nous avions été plus assidus et attentifs ces deux derniers mois. Ce manque de vigilance est souvent lié à notre sur- activité lorsque nous voyageons. Il est difficile de maintenir les papiers, et les comptes en ordre à distance, alors que nous bougeons régulièrement. Nous avons du payer une contravention, (délit d'excès de vitesse pendant notre saison) en ayant reçu le courrier avec deux mois de retard, conséquence: Il faut payer, écrire une lettre de contestation pour éviter une amende majorée à 350 euros, ce n'est pas rien!

C'est alors que parfois découragés on se met à penser avec nostalgie à toutes les facilités qu'offre une vie de sédentaire, mais ça, on ne se sent pas en droit de l'exprimer car par expérience, toutes tentatives de faire des choix différents et autonomes se récompensent immédiatement par le sentiment de liberté qu'elles procurent, mais se payent souvent par l'impossibilité d'être juste entendu dans les moments plus lourds, et l'interlocuteur vous regarde en ajoutant: "Tu l'as voulu, tu l'as eu...", moins durement parfois: "C'est ton choix...", encore "Oui, mais ça doit être chouette de vivre en roulottes", aussi "Moi, je ne pourrais pas, je ne sais pas comment tu fais", "Oui, mais tu sais, ça fait rêver les gens...", quand ce n'est pas agressif (concernant souvent les enfants comme dans le cas de l'accouchement à domicile, l'instruction à domicile, la promiscuité de la vie en roulotte, le travail des enfants en saison) alors l'interlocuteur jetant le torchon: "Je ne comprends pas ces choix....", "Et les enfants est ce qu'ils vont bien?...", "Ne faites vous pas courir des risques aux enfants?", "Si il y a un accident, êtes vous suffisamment responsables...",... Bref, les choix singuliers nous poussent vers une autonomie plus grande mais souvent accentuent le sentiment de solitude. Dans les moments durs, la solitude est pesante et il faut alors chercher parfois loin, les ressources en nous-mêmes. C'est un peu comme si certains autres se réjouissaient de nos réussites, sans pouvoir toujours entendre les échecs ou plus simplement les difficultés, augmentant ainsi le sentiment de solitude et la nécessité pour nous d'être ou tout au moins paraître (cela est souvent suffisant pour calmer les peurs) complétement autonomes et responsables. (Ce que rarement l'on est).

Globalement notre saison s'est bien passée (restons positifs comme dit souvent Xavier), même si, l'absence de dates à certains moments a pénalisé notre comptabilité et altéré parfois notre bonne humeur (certaines dates prévues sont tombées faute d'investissement des personnes qui étaient censées introduire notre dossier auprès des mairies concernées, il va falloir être plus autonomes encore). Par contre, les solutions imaginées par Xavier ouvrent des possibilités de jouer au chapeau tout en gardant le cap budgétairement et cela va dans le sens d' une plus grande autonomie: plus besoin d'envisager le contrat comme seule solution viable budgétairement parlant. En outre, certaines pistes sérieuses en Aveyron, laissent présager des possibilités intéressantes pour notre saison prochaine. Artistiquement parlant, le spectacle continue à mûrir et il devient pour nous de plus en plus juste, le public, lui, est souvent conquis.

Le gros morceau qui arrive déjà (je ne pensais pas si tôt) est le souhait d'Ysaline d'intégrer une école en vue d'y préparer son brevet, puis un bac, avec bien sur, un programme d'étude ciblé sur la musique et la composition (elle souhaite faire un métier en tant qu'auteur-compositeur). Elle a beaucoup changé ces derniers temps, tout en restant fidèle à ses talents, et elle désire maintenant continuer son chemin, plus autonome et plus engagée seule dans ses choix.... "Magnifique!Mais il va nous falloir étudier cet hiver les possibilités pour toi, en internat de surcroît, le coût que cela implique pour nous, et les possibilités pour toi de venir nous rejoindre quand nous sommes en saison..." Pas simple. Nous avions tout juste acheté la petite Caravette, répondant rapidement à la nécessité de son intimité, nous étions entrain de tenter de résoudre les problèmes liés à l'absence de chauffage dans la Caravette, quand soudain elle nous annonçait son désir de partir.... Aïe, aïe, aïe, quelqu'un aurait-il le mode d'emploi, ou tout au moins l'ustensile qui permettrait de freiner la croissance rapide (parfois très rapide) de l'enfant devenu subitement jeune adulte. Et Mado (11 ans) de surenchérir: "Et moi? C'est quand que je pourrai avoir ma chambre? Est-ce que quand Ysaline ne sera pas là, je pourrai utiliser sa caravane?". AU SECOURS, c'est où qu'il est le bouton pause? Oh! Mon Dieu, qu' elle est déjà loin, très loin notre petite semaine de "vacances" à Portiragnes.

Bref une saison 2013 satisfaisante et prometteuse pour notre spectacle, un hiver qui s'annonce assez éprouvant, même si, l' accord des Toziels pour que nous restions durant tout l'hiver, va certainement nous aider au niveau de la gestion de notre fatigue. Voilà pour le bilan que je souhaitais rédiger depuis un certain temps déjà, sans en avoir la possibilité. Je vais pouvoir bientôt passer au chantier de la Caravette, je ne manquerai pas de joindre des photos, j'espère obtenir un résultat probant. 

3 commentaires:

  1. Coucou
    Je vous envoie de l'énergie en pagaille pour arriver à gérer chaque jour le lot d'inconvénients qui se sont présentés, se présentent et se présenteront... je vous rassure caravane ou non en maison ou autres, ce lot là est pour tout le monde ;)
    Pour le reste une belle famille qui grandit et s'autonomise oui cela fait bizarre, il y a un temps d'accoutumance et surtout se dire et se redire notre fierté d'avoir des enfants responsables, communiquants, et qui ont envie de prendre la vie à bras le corps pour mener à bien leur propre histoire et leurs désirs... les solutions vous aller les trouver, les négocier et tout ira bien... A chaque jour suffit sa peine, çà a tjs été ma devise pour avancer sereinement sans regarder loin car c'est dans le présent que l'on trouve aussi sa tranquilité. :)
    et pour les grincheux, je conçois bien que cela soit parfoit difficile et délicat... te manque près de vous une bonne oreille qui sait se taire et écouter ;) et juste être là.....

    Des bisous à vous tous.... et à bientôt de vous revoir...
    Mimi - St Ybars

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  2. Bonjour, je suis tombé par hasard sur votre expérience en roulotte et je trouve celle-ci formidable! De plus vous nous narrer très pertinemment les bons et les mauvais côtés de votre choix. Mais qu'elle audace, qu'elle courage et qu'elle confiance! C'est une vraie leçon de vie. Moi qui suis au nord de la France, de vous lire, je suis regonflé à bloc! Merci pour votre partage et bonne route à votre petite famille. Le Chtimi.

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    1. Contente que ça vous plaise... Je tente oui de retranscrire mes impressions avec le plus d'authenticité, les joies, les peines, les doutes... Le voyage en dedans qui fait écho au voyage en dehors...

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