Je me réveille ce matin... Me demandant ce que je pourrais
bien écrire, ma mémoire vint soudain me rappeler qu'aujourd'hui
était un grand jour, car précisément, c'est l'heureux jour de la
Saint Valentin !
Je vous entends déjà soupirer et
affirmer en votre for intérieur, d'un air légèrement supérieur :
« C'est pas vrai, elle ne va quand même pas s'abaisser à
écrire quelque chose sur ce non-événement, purement
commercial... ». Si, si je vous assure que je vous ai entendu
le penser très fort ! Et le pire, c'est que vous ne vous
démarquerez pas en véhiculant ce genre de remarque, vous ne ferez
que relayer une idée massivement exprimée ! L'original,
aujourd'hui, étant plutôt celui qui, audacieux, continue à braver
les foules, pour offrir à sa (son) tendre, un petit quelque chose
pour marquer le coup...
Que viens-je donc tremper dans un tel
guet-apens ? Hier au soir, ma deuxième fille Mado (11 ans),
toujours friande d'histoires d'amour nous jetait innocemment à la
face : « Oh ! Demain c'est la Saint-Valentin...
Alors ?... Vous allez faire quoi pour la Saint-Valentin ?... ».
Et comme, nous nous regardions tel des ânes, elle risquait en
riant : « Vous allez sortir avec vos enfants ?...
Non, vous allez quand même pas sortir avec vos enfants... Ça c'est
quand même pas une vrai Saint-Valentin d'amoureux... ». Voilà,
où j'en étais rendue. Outre l'idée extrêmement audacieuse de
« sortir », il fallait encore que le concept de « sans
enfant » parcourt mes synapses endoloris de « mère 4
fois ».
Je m'entendais lui répondre vaguement
perturbée : « Rien ». Voilà, c'était sans appel !
Mado n'osait rien ajouter, et mon compagnon, me regardait l'air
partagé entre la gêne et le soulagement.
Car il est vrai, que j'hésite à
enfiler un imperméable beige, à couvrir mes cheveux roux d'un
foulard en soie, à m'affubler de lunettes noires les plus grandes
possible, bref, à ressembler lointainement à « Lady Di
incognito », pour aller glaner, quelque cœur en peluche rouge
avec la mention « I love you », ou encore, quelques,
caleçon noir à petits cœurs, tasse à café avec deux cochons
roses qui s'embrassent, rose rouge, coussin marqué « Je
t'aime », coffret parfum « Pour toi, mon amour »,
carte pleine de cœurs et de cynisme « Pour le meilleur et...
pour le pire... ». Oui, je ne sais pourquoi, mais mon cœur
assoiffé peinait à l'idée de devoir trouver le cadeau idéal parmi
cette explosion d'objets plus laids les uns que les autres, et dont
la seule fonction semblait tenir dans le fait de mettre notre amour
en boîte. Mais ayant l'imagination rarement en reste, je
m'acharnais et je m'imaginais donc, vaillante me dirigeant vers la
caisse pour payer mon « petit bon d'achat d'une valeur de 20
euros et signé je t'aime » (seul cadeau tout à la fois
pratique, pas trop cher, de bon goût par opposition au mauvais goût
le plus absolu, et qui n'allait pas demander à mes neurones des
efforts trop violents) mais donc, j'étais arrêtée dans mon élan
par une amie qui m'avait reconnue, et qui, malgré toutes mes
tentatives pour passer incognito, posait déjà sur mon déguisement
un regard faussement interrogatif tout en pensant très fort :
« La pauvre, elle est tombée dans le panneau, et voilà à
quoi elle en est réduite ». Non vraiment, c'était au-dessus
de mes forces. Et pourtant... Et pourtant... Qu'avait donc soulevé
ma petite Mado ?... Comme dans « Le Zèbre » (le
film), planait au fond de moi le petit air de Souchon « Où en
sommes- nous ? Où en sommes- nous ? ».
Sachant que « Nous » est
ici, la somme de « Je plus un autre Je », qu'ici « Je »
est égal à Y (Ysabeau) mais que l'autre « Je » est égal
à « X » (Xavier), sachant donc qu' X est un autre, on
peut donc en déduire qu' X est l'inconnue. « Je » doit
donc compter sur soi-même « Y » pour tenter de résoudre
cette énigme, qui pourtant et paradoxalement, concerne « Nous ».
Tout ceci a l'air très mathématique je vous le concède, mais ne
vous en formalisez pas outre mesure, car pour rappel, la musique et
la poésie, répondent aussi toutes deux à la logique mathématique
et n'en restent pourtant pas moins belles. Donc courage !
L'énigme reste « où en sommes- nous ? ». Voilà
donc, que Mado, la plus « planante » de mes enfants,
soulevait pourtant un problème d'une subtilité extrêmement
complexe. Car il fallait bien l'admettre la notion de « Nous »
était ici, chez moi, un peu confuse. Fallait-il l'entendre en
qualité de « Nous » est égal à la sommes de « Je »
plus un autre « Je », (qu'ici par souci de clarté pour
vous je vais nommer « Tu »), donc « Nous est égal
à « Je » plus « Tu » plus encore « toi »,
« toi », « toi », et « toi ».
« Toi » étant bien sûr égal, (pour ceux qui auraient
du mal à suivre en mathématiques), à « Ysaline »,
« Mado », « Gaspard », et « Erwenn ».
Sachant qu'ici, les « Toi » sont classés dans un ordre
décroissant, c'est à dire du plus grand au plus petit, on peut donc
en déduire et ceci complique le problème, que un « Toi »
n'est pas forcément égal à un autre « Toi ». Où bien,
fallait-il entendre dans le problème posé : « Nous »
est égal à « Je » plus « Tu » un point
c'est Toi... Euh... Pardon... Je voulais dire un point c'est tout !
Bref, voilà que me revenaient en pleine face les années
douloureuses de mon enfance où je suais des gouttes car je ne
comprenais pas comment on avait pu en arriver à la supercherie de
faire tenir tout l'infini dans un petit sigle aussi ridicule qu'un 8
couché, et où l'on prétendait pourtant m'apprendre sous le nom
pompeux de « mathématiques » des sciences très
exactes ! Alors que ma matière grise se transformait peu à peu
en masse gélatineuse sous l'effet de la chaleur excessive provoquée
par un travail intense de mes 2 seuls neurones encore un peu
efficaces (4 fois mère est égal à ça use), je constatais,
impuissante, que le mystère du « Nous » restait entier.
J'en déduisis donc qu'en terme de sentiments amoureux, le problème,
ressemblait furieusement à un problème du niveau deuxième lycée
(pour les belges : quatrième humanité... Non, parce qu'ici en
France en plus ils comptent à l'envers!), où, justement l'on
aborde, des notions aussi vastes que : 8 couché est égal à
infini !
Car comment, en effet, faire tenir tout
le mystère de l'autre et de soi dans un mot aussi limité qu'un 8
couché, et comment lui rappeler combien on l'aime avec ce mot qui
n'en n'est même pas un puisque, lui, tient dans une seul lettre :
ne dit-on pas « je t' M » ? La lettre « M »,
allait pourtant me fournir, si pas une solution, peut-être un début
de piste. Voilà que ce « M » première lettre de
« Mystère », allait éclairé d'une fraîche lueur ma
conscience embrumée. C'est d'ailleurs probablement, ce que l'on
nomme : le très fameux Mystère de la foi...
Car cela me sauta
aux yeux « M » était aussi la première lettre du mot
« Maman », et comme pour confirmer au cas où mon esprit
rebelle désirait échapper à la cruelle réalité, « M »
était aussi la première lettre du mot « Mère ».
Remarquez d'ailleurs que c'est aussi la première lettre du mot
« Mariage » et de l'expression « Maudite
sois-tu ! » (Je ne sais pas pourquoi je pense à ça ?!).
Attention je m'égarais. Sans doute fallait-il poser le problème
dans l'équation suivante : « Je » diminué s'il
était soustrait momentanément à l'obligation de « M »,
« Je » donnerait peut-être et paradoxalement un « Je »
avec valeur sur ajoutée, (« moins » devenait « plus » :
notion mathématique du niveau quatrième collège). Car « M »
était aussi, et « Je » l'avait sans doute oublié, la
première lettre de « Merde, Je ne sais plus
où Je en suis !... ». Prise dans les
multiples tâches quotidiennes que supposait mon choix de mère, n'
avais-je pas un peu négligé le fait incontestable d'être une
femme ? Et comme un de mes petits anges, sous les traits de
Mado, me le rappelait maintenant : Sans doute, fallait-il que je
plonge en moi-même ? Sachant que « Je » est
toujours défini par cette loi : Il ne peut être
rencontré que par soi-même. Ainsi, je constatais à quel point la
femme que j'étais,
croulait sous la mère que
j'étais
devenue.
Il me suffisait alors, de soustraire un moment « toi »,
« toi », « toi », et « toi » de
« Nous », pour pouvoir sentir l'envie puissante de cette
part de « Je » qui voulait encore rencontrer « Tu ».
Élève lecteur... As-tu suivi ?
Et voilà que mes neurones accablés de
fatigue respiraient soudainement l'air iodé et pur d'un vaste océan.
Après ce cours difficile de mathématiques appliquées, l'heure de
la récréation avait sonné (enfin !). Je rêvais de nager un
instant dans le pays vaste de nos amours où je croisais dans les
eaux bleutées mon inconnu, ce cher « X », puis tout deux
couchés à l'horizontal comme un joli 8, nous regagnions le
continent secret de notre « Nous » intarissable, pour
nous y poser un moment, bercés par le bruit des vagues et de la
brise tiède, et au loin, mais alors vraiment très très loin, le
rire léger et cristallin de nos enfants heureux. Alors si j' y
arrivais, si j'y arrivais seulement, je pourrais dire sans
déguisement ridicule et sans honte : Que « X » +
« Y » = « Nous » qui est = à 8 couché dans
le sable et que « Nous » sans rien perdre de sa
grâce, est aussi la somme de « Toi »,
« toi », « toi »,
et « toi » du
plus grand au plus petit.
Joyeuse Saint-Valentin à tous et
particulièrement à « Tu » qui est aussi « X »
et qui n'est que partiellement connu gardant ainsi tout son mystère,
c'est beau l'amour... Je suis une incorrigible romantique !...
(et tout les jours, bien sûr, en respectant bien ces lois
mathématiques, Saint-Valentin à dose illimitée !...)
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