Après une courte pause à Montréal,
nous voilà repartis vers Castelnaudary... Nous arrivons au petit matin du mardi, sous une pluie
fine et têtue. Nous découvrons la place Tuffery, qui en fait de
place est plutôt un immense parking, entouré de murs tagués, des
bâtiments de la Caf et du Pôle emploi et de la médiathèque. On
sent qu'il va falloir s'accrocher car c'est une des rares fois où
nous sommes placés dans un endroit peu engageant. De plus, le bassin
de population de Castelnaudary s’élevant à 13000 habitants, nous
y resterons plus longtemps qu'ailleurs (deux petites semaines), avec
l'espoir d'y jouer 10 dates. Courage, courage !
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Les 12 prochains jours se passeront donc là ...(Courage! Me dis-je) |
Deux mois auparavant, la mairie de
Castel nous avait renvoyés vers EDF pour notre branchement électrique, et à notre grande surprise nous apprenions que nous ne
pourrions jouer notre spectacle à Castel sans avoir payer une
ouverture de compteur à l'entreprise de 160 euros! Ne nous sentant
pas avoir d'autres choix, nous nous étions donc pliés à cette
étrange pratique et nous avions pris rendez-vous avec un employé
d'EDF pour le jour de notre arrivée. Voici donc, qu'arrivant à
peine, nous sommes accostés par l'employé qui finalement déclarera
à Xavier que le boîtier indiqué par la mairie ne contient aucune
connexion électrique (le branchement n'est pas possible). C'est donc
dans le froid et sous la pluie que Xavier tente de joindre dans
l'urgence le responsable de mairie avec qui les négociations
préalables avaient été discutées. Sans succès, Xavier s'énerve,
il est 9h00 du matin, nous n'avons pas pris la peine de déjeuner,
les enfants ont froids et ont faim, il faudrait s'installer au plus
vite. En outre, toute une caravane de forain occupe l'emplacement
convenu et ils ne repartiront que la semaine suivante. Je suis pour
ma part assez irritée. Nous avons un retard d'un jour sur notre
arrivée (il faudra donc monter le théâtre le jour même), les
dépliants publicitaires étant arrivés avec retard nous ne pourrons
les distribuer que le lendemain (soit le même jour que notre
première à Castelnaudary), il pleut des cordes et cela ne va pas
s'améliorer, et pour couronner le tout l'emplacement négocier est
occupé et les branchements semblent impossibles ! Les choses
paraissent bien mal engagées...
Mais voilà, face à cette situation
Xavier sort de ses gongs, et... nous aurons deux employés communaux
(charmants et très rigolos) dans les dix minutes qui nous
installeront un branchement dans les cinq minutes et nous indiqueront
la connexion à l'eau par tuyau (l'eau courante : le super
luxe!). Nous ne devrons pas payer les 160 euros réclamés par EDF.
C'est à n'y rien comprendre... Faut-il obligatoirement s'énerver
pour obtenir des autorisations pourtant déjà négociées et
acceptées au préalable ? Que doivent donc faire tout ces gens
vieux, malades, mal outillés pour « se battre » contre
ces multiples petits sabotages quotidiens liés à l'inertie, à
l'inefficacité, au désintérêt et où, malheureusement de plus en
plus fréquemment, les seuls intérêts économiques prennent le pas
sur les besoins pourtant essentiels de tout un chacun ? Car l'on
n'a pas toujours la force, ni l'énergie pour lever ces inerties et
se mettre en quête d'un responsable introuvable, voir injoignable,
afin de solutionner nos problèmes (les maires, les responsables
d'entreprise sont de plus en plus difficile à contacter
directement).
Bref, nous monterons le chapiteau
l'après-midi même, et nous distribuerons nos dépliants le
lendemain matin. A 19h30, le mercredi, nous sommes prêts à jouer
mais... Personne ne viendra. La première se verra donc annulée. La
seconde n'est pas mieux : nous avons une audacieuse que nous
devrons renvoyer chez elle. La troisième encore : 4 braves et
téméraires se sont déplacés, nous passerons néanmoins la soirée
avec eux et à défaut de leur montrer notre travail, nous nous
improviserons « buvette » et ma foi, en leur compagnie
joyeuse, notre moral remontera un peu la pente boueuse sur laquelle
il glissait lamentablement (merci à Elodie, Joël, Joseph et
Brigitte). Ils nous quittent en promettant de tout tenter pour faire
venir du monde. Enfin la quatrième nous jouerons devant... 10
personnes. Mais l'on peut espérer que le phénomène du bouches à
oreilles fasse enfin son travail. La cinquième se jouera devant un
public enthousiaste et chaleureux de 35 personnes. Ouf ! On
respire un peu et l'on peut espérer des jauges mieux garnies pour la
seconde série de cinq représentations débutant ce mercredi 7 mai.
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Et malheureusement, après cinq jours, une tentative de vol (pris sur le fait) dans les véhicules... |
Face à ces multiples annulations alors
que nous proposons pourtant notre spectacle en accès libre, les
tensions sont fortes et les questions nous taraudent de plus en
plus : Mais que se passe t'il ? Les facteurs sont
multiples : Faiblesse de la communication liée au retard des
délais de livraison de l'impression de nos dépliants, absence de
propositions de la part des mairies de relayer l'information sur
notre présence (Manque d'intérêt ? Manque de temps? Pas dans
leurs compétences ?), les commerçants ayant participé à
l'édition de nos dépliants ne semblent pourtant pas avoir informé
« anticipativement » leur clientèle locale sur
l'événement, les conditions météorologiques sont mauvaises (la
pluie incessante et le froid n'engagent pas à sortir), le public de
Castelnaudary semble peu curieux et ouvert à notre démarche
(plusieurs personnes nous fuient à la distribution de nos dépliants,
certains nous diront dédaigneux que « ça ne les intéresse
pas » et d'autres montrent même des signes de peur et d'
évitement quand nous passerons dans les rues en jouant de
l'accordéon et en annonçant à la « criée » les dates
de notre spectacle!).
Notre impression désagréable face à
la froideur et à l'austérité de cette ville ne fera que se
confirmer quand nous rencontrerons quelques rares et précieuses
personnes sympathiques qui nous feront part de leurs propres
difficultés à « bouger » les habitants de Castel (Allez
visiter « la cave du canal » vous y rencontrerez ces gens
là : courageux, ouverts, généreux et tenaces). Castelnaudary,
est en effet devenue, selon les dires de certains « une ville
triste et sans animations » par : sa seule vocation à
être une cité dortoir (proximité de Toulouse), une crise
économique aiguë touchant le centre de la ville et cela depuis
trois ans, la difficulté notoire de ces habitants d'origine à
s'ouvrir aux choses nouvelles, l'ouverture récente de Castel O (un
complexe commercial situé juste à l'entrée de la ville), les
légionnaires consommateurs qui ne prennent plus le temps de
s'attarder au centre ville et regagnent au plus vite leur caserne où
s'arrêtent au fameux complexe commercial, les habitudes ancrées et
indélogeables des habitants qui refusent obstinément de modifier
les heures de repas même exceptionnellement (12h00 pour le
déjeuner et 19h00 pour le souper), enfin la présence forte du
Rotary Club qui détient une forme de pouvoir sur les activités
développées (beaucoup de ses membres étant à la tête des
entreprises de Castelnaudary).
Si nous avions projeté au départ de
jouer à Castelnaudary et de poursuivre par Revel, Castres, et
Mazamet (les petites villes situées non loin, bénéficiant ainsi du
bouches à oreilles autour du spectacle) nous découvrons peu à peu
que toute la région semble atteinte par cette même fermeture
d'esprit. Revel a refusé notre présence sous le prétexte farfelu
(selon certains habitants) qu'il y aurait trop d'animations sur ce
secteur, Castres nous a refusé l'accès à son espace public
n'autorisant pas Xavier à démarcher (à ennuyer) les commerçants
pour leurs demander un soutien financier nécessaire à l'impression
de notre dépliant et à l'indispensable communication autour de
notre présence (cela ressemble à de la censure et à une privation
de liberté d' entreprendre ou bien encore à une incompréhension
totale de l'interlocuteur face à une idée innovante), enfin
Mazamet, qui fût contactée à plusieurs reprises et qui ne nous
avait toujours pas répondu, semble être (aux dires de certains de
ces habitants) une ville aujourd'hui morte ce qui, finalement,
décide Xavier à ne plus insister auprès de cette mairie pour
pouvoir obtenir une réponse qui tardait à venir. (Il s'était déjà
fâché avec son interlocutrice en mairie pour cette incapacité à
donner une réponse même négative mais pourtant indispensable à
l'organisation d'une tournée).
Les nouvelles pour nous ne sont donc
pas excellentes sur un plan strictement financier, mais... ceci nous
renforce dans la conviction que notre travail est juste : le
public courageux mais difficile à atteindre reste toujours conquis
et ému par notre projet de vie, et, le contraste entre cet
enthousiasme d'une part et cette inertie et ce manque d'intérêt des
« officiels » de l'autre part, nous renforce dans les
choix difficiles que nous avons pris en démarrant voici déjà
quatre ans une aventure dont nous ne pouvions évaluer tous les
risques. C'est ainsi que pour conclure, et étant dans une ville
résolument militaire faite de légionnaires, je dirais juste ceci :
« Engagez- vous! Qu'ils disaient ! », car encore, « ce
qui ne tue pas rend plus fort... ». Nous espérons donc que la
prochaine « salve » des cinq représentations prévues à
Castelnaudary sera pour nous une petite victoire, car, et cela est
certain pour moi, malheureusement et urgemment une certaine guerre
reste à faire...
chers Ysa et Xavier, je souffre pour vous... ils ne savent pas ce qu'ils perdent en refusant de se déplacer. Revenez vers nous, vers les mairies dont je vous ai donné les coordonnées. Le long du canal il y a des touristes, et nous ferons de la pub. vez-vous contacter ce beau village de Lagrasse ? Courage. Je vous embrasse. Anne-Marie-Nelly-Emma du Somail
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