La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

mardi 6 mai 2014

"Engagez-vous!": Qu'ils disaient...

Après une courte pause à Montréal, nous voilà repartis vers Castelnaudary... Nous arrivons au petit matin du mardi, sous une pluie fine et têtue. Nous découvrons la place Tuffery, qui en fait de place est plutôt un immense parking, entouré de murs tagués, des bâtiments de la Caf et du Pôle emploi et de la médiathèque. On sent qu'il va falloir s'accrocher car c'est une des rares fois où nous sommes placés dans un endroit peu engageant. De plus, le bassin de population de Castelnaudary s’élevant à 13000 habitants, nous y resterons plus longtemps qu'ailleurs (deux petites semaines), avec l'espoir d'y jouer 10 dates. Courage, courage !

Les 12 prochains jours se passeront donc là ...(Courage! Me dis-je)

Deux mois auparavant, la mairie de Castel nous avait renvoyés vers EDF pour notre branchement électrique, et à notre grande surprise nous apprenions que nous ne pourrions jouer notre spectacle à Castel sans avoir payer une ouverture de compteur à l'entreprise de 160 euros! Ne nous sentant pas avoir d'autres choix, nous nous étions donc pliés à cette étrange pratique et nous avions pris rendez-vous avec un employé d'EDF pour le jour de notre arrivée. Voici donc, qu'arrivant à peine, nous sommes accostés par l'employé qui finalement déclarera à Xavier que le boîtier indiqué par la mairie ne contient aucune connexion électrique (le branchement n'est pas possible). C'est donc dans le froid et sous la pluie que Xavier tente de joindre dans l'urgence le responsable de mairie avec qui les négociations préalables avaient été discutées. Sans succès, Xavier s'énerve, il est 9h00 du matin, nous n'avons pas pris la peine de déjeuner, les enfants ont froids et ont faim, il faudrait s'installer au plus vite. En outre, toute une caravane de forain occupe l'emplacement convenu et ils ne repartiront que la semaine suivante. Je suis pour ma part assez irritée. Nous avons un retard d'un jour sur notre arrivée (il faudra donc monter le théâtre le jour même), les dépliants publicitaires étant arrivés avec retard nous ne pourrons les distribuer que le lendemain (soit le même jour que notre première à Castelnaudary), il pleut des cordes et cela ne va pas s'améliorer, et pour couronner le tout l'emplacement négocier est occupé et les branchements semblent impossibles ! Les choses paraissent bien mal engagées...

Mais voilà, face à cette situation Xavier sort de ses gongs, et... nous aurons deux employés communaux (charmants et très rigolos) dans les dix minutes qui nous installeront un branchement dans les cinq minutes et nous indiqueront la connexion à l'eau par tuyau (l'eau courante : le super luxe!). Nous ne devrons pas payer les 160 euros réclamés par EDF. C'est à n'y rien comprendre... Faut-il obligatoirement s'énerver pour obtenir des autorisations pourtant déjà négociées et acceptées au préalable ? Que doivent donc faire tout ces gens vieux, malades, mal outillés pour « se battre » contre ces multiples petits sabotages quotidiens liés à l'inertie, à l'inefficacité, au désintérêt et où, malheureusement de plus en plus fréquemment, les seuls intérêts économiques prennent le pas sur les besoins pourtant essentiels de tout un chacun ? Car l'on n'a pas toujours la force, ni l'énergie pour lever ces inerties et se mettre en quête d'un responsable introuvable, voir injoignable, afin de solutionner nos problèmes (les maires, les responsables d'entreprise sont de plus en plus difficile à contacter directement).

Bref, nous monterons le chapiteau l'après-midi même, et nous distribuerons nos dépliants le lendemain matin. A 19h30, le mercredi, nous sommes prêts à jouer mais... Personne ne viendra. La première se verra donc annulée. La seconde n'est pas mieux : nous avons une audacieuse que nous devrons renvoyer chez elle. La troisième encore : 4 braves et téméraires se sont déplacés, nous passerons néanmoins la soirée avec eux et à défaut de leur montrer notre travail, nous nous improviserons « buvette » et ma foi, en leur compagnie joyeuse, notre moral remontera un peu la pente boueuse sur laquelle il glissait lamentablement (merci à Elodie, Joël, Joseph et Brigitte). Ils nous quittent en promettant de tout tenter pour faire venir du monde. Enfin la quatrième nous jouerons devant... 10 personnes. Mais l'on peut espérer que le phénomène du bouches à oreilles fasse enfin son travail. La cinquième se jouera devant un public enthousiaste et chaleureux de 35 personnes. Ouf ! On respire un peu et l'on peut espérer des jauges mieux garnies pour la seconde série de cinq représentations débutant ce mercredi 7 mai.

Et malheureusement, après cinq jours, une tentative de vol (pris sur le fait) dans les véhicules...
Face à ces multiples annulations alors que nous proposons pourtant notre spectacle en accès libre, les tensions sont fortes et les questions nous taraudent de plus en plus : Mais que se passe t'il ? Les facteurs sont multiples : Faiblesse de la communication liée au retard des délais de livraison de l'impression de nos dépliants, absence de propositions de la part des mairies de relayer l'information sur notre présence (Manque d'intérêt ? Manque de temps? Pas dans leurs compétences ?), les commerçants ayant participé à l'édition de nos dépliants ne semblent pourtant pas avoir informé « anticipativement » leur clientèle locale sur l'événement, les conditions météorologiques sont mauvaises (la pluie incessante et le froid n'engagent pas à sortir), le public de Castelnaudary semble peu curieux et ouvert à notre démarche (plusieurs personnes nous fuient à la distribution de nos dépliants, certains nous diront dédaigneux que « ça ne les intéresse pas » et d'autres montrent même des signes de peur et d' évitement quand nous passerons dans les rues en jouant de l'accordéon et en annonçant à la « criée » les dates de notre spectacle!).

Notre impression désagréable face à la froideur et à l'austérité de cette ville ne fera que se confirmer quand nous rencontrerons quelques rares et précieuses personnes sympathiques qui nous feront part de leurs propres difficultés à « bouger » les habitants de Castel (Allez visiter « la cave du canal » vous y rencontrerez ces gens là : courageux, ouverts, généreux et tenaces). Castelnaudary, est en effet devenue, selon les dires de certains « une ville triste et sans animations » par : sa seule vocation à être une cité dortoir (proximité de Toulouse), une crise économique aiguë touchant le centre de la ville et cela depuis trois ans, la difficulté notoire de ces habitants d'origine à s'ouvrir aux choses nouvelles, l'ouverture récente de Castel O (un complexe commercial situé juste à l'entrée de la ville), les légionnaires consommateurs qui ne prennent plus le temps de s'attarder au centre ville et regagnent au plus vite leur caserne où s'arrêtent au fameux complexe commercial, les habitudes ancrées et indélogeables des habitants qui refusent obstinément de modifier les heures de repas même exceptionnellement (12h00 pour le déjeuner et 19h00 pour le souper), enfin la présence forte du Rotary Club qui détient une forme de pouvoir sur les activités développées (beaucoup de ses membres étant à la tête des entreprises de Castelnaudary).

Si nous avions projeté au départ de jouer à Castelnaudary et de poursuivre par Revel, Castres, et Mazamet (les petites villes situées non loin, bénéficiant ainsi du bouches à oreilles autour du spectacle) nous découvrons peu à peu que toute la région semble atteinte par cette même fermeture d'esprit. Revel a refusé notre présence sous le prétexte farfelu (selon certains habitants) qu'il y aurait trop d'animations sur ce secteur, Castres nous a refusé l'accès à son espace public n'autorisant pas Xavier à démarcher (à ennuyer) les commerçants pour leurs demander un soutien financier nécessaire à l'impression de notre dépliant et à l'indispensable communication autour de notre présence (cela ressemble à de la censure et à une privation de liberté d' entreprendre ou bien encore à une incompréhension totale de l'interlocuteur face à une idée innovante), enfin Mazamet, qui fût contactée à plusieurs reprises et qui ne nous avait toujours pas répondu, semble être (aux dires de certains de ces habitants) une ville aujourd'hui morte ce qui, finalement, décide Xavier à ne plus insister auprès de cette mairie pour pouvoir obtenir une réponse qui tardait à venir. (Il s'était déjà fâché avec son interlocutrice en mairie pour cette incapacité à donner une réponse même négative mais pourtant indispensable à l'organisation d'une tournée).


Les nouvelles pour nous ne sont donc pas excellentes sur un plan strictement financier, mais... ceci nous renforce dans la conviction que notre travail est juste : le public courageux mais difficile à atteindre reste toujours conquis et ému par notre projet de vie, et, le contraste entre cet enthousiasme d'une part et cette inertie et ce manque d'intérêt des « officiels » de l'autre part, nous renforce dans les choix difficiles que nous avons pris en démarrant voici déjà quatre ans une aventure dont nous ne pouvions évaluer tous les risques. C'est ainsi que pour conclure, et étant dans une ville résolument militaire faite de légionnaires, je dirais juste ceci : « Engagez- vous! Qu'ils disaient ! », car encore, « ce qui ne tue pas rend plus fort... ». Nous espérons donc que la prochaine « salve » des cinq représentations prévues à Castelnaudary sera pour nous une petite victoire, car, et cela est certain pour moi, malheureusement et urgemment une certaine guerre reste à faire...

1 commentaire:

  1. chers Ysa et Xavier, je souffre pour vous... ils ne savent pas ce qu'ils perdent en refusant de se déplacer. Revenez vers nous, vers les mairies dont je vous ai donné les coordonnées. Le long du canal il y a des touristes, et nous ferons de la pub. vez-vous contacter ce beau village de Lagrasse ? Courage. Je vous embrasse. Anne-Marie-Nelly-Emma du Somail

    RépondreSupprimer