Alors que nous cherchions en urgence
des lieux possibles pour remplacer les multiples refus reçus lors de
nos prestations sur Castelnaudary, deux bonnes nouvelles vinrent
éclaircir nos espoirs pour sauver notre mois de juin extrêmement
compromis.
D'une part la maman de Nelly (au
Sommail) nous avait obtenu la possibilité d'être accueillis sur la
commune de Saint Marcel d'Aude, et, d'autre part, nous étions
contactés par un adjoint au Maire de la commune de Trèbes pour y
jouer début juillet... Enfin ! Le ciel s'éclairait, et des
jours meilleurs s'annonçaient. Malheureusement, le début du mois de
juin fût plutôt la période de toutes les tempêtes, déceptions et
désillusions. Saint Marcel d' Aude nous rappela durant notre série
à Limoux, comme nous étions très occupés Xavier promit de
rappeler, ce qu'il fît quelques jours plus tard. Le responsable en
ligne lui annonça que la commune ne pourrait nous fournir un accès
électrique, Saint Marcel nous demandait donc d'être en autonomie
totale pour pouvoir jouer, ce qui nous est absolument impossible
(notre groupe électrogène ne peut supporter les nuances subtiles de
l'éclairage scénique). Tant pis, nous ne serions pas à Saint
Marcel, cela nous décevait tout à la fois pour notre petite
compagnie mais aussi bien sûr pour la maman de Nelly qui s'était
tant mobilisée pour nous... Comme les soucis viennent en général
par poignée, Trèbes nous offrit, une fois de plus, l'occasion de
nous confronter de plein fouet à des questions qui dérangent et à
la question qui me taraude depuis un certain temps déjà :
Faut-il parler ou bien se taire ? Il semble que je prenne le
chemin risqué de la parole (après tout, certains m'ayant entendu à
la criée ne me contrediront pas sur ce point : j'ai une voix,
autant m'en servir !). Je pense même essayer de m'en servir de
plus en plus. Ne dit- on pas que je suis une emmerdeuse ?
Xavier s'était rendu quelques temps plutôt, au
rendez-vous fixé avec l' adjoint au Maire de la commune pour
discuter avec lui des diverses conditions de notre accueil sur
Trèbes. L'entrevue avait pour objet précis de déterminer les dates
et heures de nos représentations, les emplacements possibles pour le
convoi, l'accès à l'eau et à l'électricité. Cela durera deux heures
avec un Monsieur X charmant, ouvert et pleinement enthousiaste. Fin
de l'entrevue il est donc convenu que nous arriverons le 2 juillet,
la commune aura placé pour nous les enrochements nécessaires à l'
haubanage de notre structure et, après ce qui nous est présenté
comme une dernière formalité (l'engagement devra être validé par
une autre personne sur la commune), Xavier quitte le Monsieur. Il
revient aux roulottes, note les dates convenues dans notre agenda et
dort sur ses deux oreilles avec l'assurance de pouvoir démarrer un
travail de démarchage auprès des commerçants sur Trèbes avec, en
plus, le soutien chaleureux de l'équipe communale (Wouawww!!!). Si juin s'annonce maussade, juillet sera doux. Le
rêve fût de courte durée...
Quelques temps plus tard, alors que
nous sommes en plein jeu à Limoux, consultant ses emails, Xavier
constate que la commune nous a envoyé un message nous demandant de
nous y rendre une fois de plus, afin de « valider un éventuel
engagement » et d'y rencontrer Madame Y « adjointe au
Maire". Xavier, légèrement irrité, répond par voie de mail qu'il
est ennuyeux pour nous de nous déplacer encore une fois (frais
d'essence, perte de temps, et emploi du temps chargé par nos dates
de jeu sur Limoux que nous devons assurer), il précise aussi qu'il
s'inquiète de la formule floue concernant notre engagement et ajoute
que pour nous l'engagement était assuré puisque tout les problèmes
avaient été supervisés au préalable et la validation des accords
avait été présentée comme une « simple formalité ».
Bref, décidément tenace et patient (et puis avons-nous réellement
le choix ?), il convient par téléphone d'un deuxième
rendez-vous avec la Mairie de Trèbes. Arrivant sur les lieux, il
constate avec stupeur qu'il est reçu dans le même bureau, par deux
autres personnes de la commune, (comme la première fois) il occupe
exactement la même place, mais que d'emblée la dame lui annonce
qu'il ne sera pas possible de rester deux semaines comme cela fût
convenu, mais qu'il nous faudra réduire notre calendrier sur une
semaine, de plus, elle signale que nous devrons payer un droit
d'occupation du sol arguant dans la foulée devant un Xavier
fulminant mais contenu : « Vous savez, beaucoup d'artistes
payent pour avoir le droit de jouer chez nous !... », elle
ajoute sans se départir « vous demandez l'électricité pour
jouer, il faudra donc payer un forfait électrique... ». Xavier
indigné lui signale que rien de tout cela ne lui avait été annoncé
dans les accords passés au préalable, il ajoute piégé : « De
combien est le forfait ? ». La dame alors rajoute sans
ciller : « Vous savez ce que vous faites c'est de la
vente, vous êtes l'égal du pizzaïolo qui s'installe pour vendre
ses pizzas, le forfait réclamé sera donc le même que n'importe
quel commerçant souhaitant vendre ses produits sur Trèbes ».
Nous voilà donc vendeurs de pizzas. Quant à l'emplacement prévu ?
« Pas bon ! » : Il faut trouver un autre
endroit...
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Création artistico-poétique d'une" pizza roulotte" par Jean-Mi à Limoux... |
Xavier tentera en colère, de lui
expliquer les multiples conséquences que ces nouvelles contraintes
peuvent avoir sur notre saison, il rappelle indigné face à si peu
de considération, les accords préalables passés avec Monsieur X.
La dame se dégage de toutes responsabilités et précise que le
Monsieur en question n'avait pas les compétences pour prendre de
telles décisions, et que, n'étant pas responsable des engagements
de Monsieur X, ce n'est pas la peine de s'énerver sur elle. (L'
irresponsabilité n'est-elle pas le rempart confortable de
l'incompétence ?). Xavier, face à si peu de considération,
explique à la dame qui possède « les clés du service
animation », qu'il est assez assommant d'avoir affaire à
l'inertie, le désintérêt, l'incompétence récurrente du personnel
de mairie, que le métier d'artiste est déjà suffisamment difficile
que pour y ajouter les résistances et le désintérêt inquiétant
des gens au pouvoir, il ironise en ajoutant qu'il ne pouvait savoir
que le Monsieur qui l'avait contacté était sans doute « un
vagabond pris au hasard dans la rue » et qu'il avait erronément
pensé qu'il s'agissait bien d'un adjoint au Maire ayant donc toutes
les compétences requises. Là dessus, la « dame qui avait plus
de pouvoir que le vagabond pris au hasard » salua Xavier, et
sans autre forme de procès, lui proposa de soumettre de nouvelles
dates et promettait de rappeler le mercredi suivant. Xavier cynique conclut :
« Vous savez, si je ne harcelais pas les mairies, mes demandes
seraient toutes à la poubelle, c'est d'ailleurs la première fois
qu'un adjoint me rappelle de lui-même, enthousiaste de nous voir
venir sur la commune... ». Elle quitte Xavier en ajoutant
pleine de suffisance : « Ah ! Nous ici à Trèbes, on
rappelle toujours !!! » (Entendez par là : nous
sommes d'une efficacité imparable). Eh ! Ben voyons... A défaut
d'avoir les compétences, y' en a qui ont vraiment le culot !...
Depuis cette entrevue, voici maintenant
10 jours que nous attendons encore l'appel de la dame compétente
« chargée de l'animation sur la commune de Trèbes » qui
avait juré, bravache, qu'à Trèbes « ils rappelaient
toujours ! » (Nous aurions du avoir l"appel téléphonique il y a cinq jours)... Ceci explique cet article qui arrive
tardivement, car j'attendais ce dernier coup de téléphone pour
l'écrire...
Alors, sachez Madame, que dans
l'attente et l'ennui de votre coup de téléphone, me souvenant que
ne possédant pas les clés de « l' animation », me
souvenant que n' étant pas « vagabonde », mais me
souvenant qu' étant artiste (ceci dit ma condition s'approche de
plus en plus de celle des vagabonds), je me disais que je n'avais
sans doute pas à souffrir des mêmes maux que ceux atteignant
certains fonctionnaires de mairies ; l'attente,
l'irresponsabilité, l'absence d'engagement, l'inertie et, l'absence
de considération...
En effet, mon pouvoir à moi, Madame,
réside sans doute dans ma liberté d'expression, et, après tout, ce
qui me rend malade moi, c'est l'attente et l'inertie quand il y a
pourtant tant de travail à accomplir. Alors donc, ne voyant rien
venir de votre part, contrairement à vos promesses, et malgré votre
culot qui cache mal vos incompétences pourtant payées, j'ai pris la
décision sans attendre de poster mon article, car sachez que moi, j'
ai autre chose à faire qu'attendre et y' a pas grand monde qui me
paye pour le faire !... ( Il est vrai que je n' avais
pas compris que les artistes devaient d'abord payer pour
travailler). Merci, Madame, de m'avoir mise au courant de cette
pratique étrange et sachez que nous avons pris la décision sans
attendre votre coup de téléphone de ne pas nous produire sur
Trèbes, après tout, vu le peu de considération que vous montrez, cela ne devrait pas trop vous déranger. Qu'à Trèbes, les
consommateurs de pizzas cherchent donc un autre fournisseur et s'ils
en ont le courage, qu'ils se déplacent jusqu'à Limoux, car à Limoux, il y a
toujours Jean-Mi qui fait les meilleures pizzas du monde avec cœur
et talent,... Un artiste quoi !
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Heureusement que les amis pizzaïolo nous soutiennent grâce à leur générosité... Merci Jean-Mi!!! |
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