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Faut pas jouer les mécanos quand on est artiste... |
Xavier avait mal compris :
Guillaume ne viendra pas mercredi mais mardi à 10h00. Tant mieux
nous gagnerons un jour précieux. Il arrive donc notre Guillaume
accompagné comme promis de son ami Eric (The garagiste avec The
valise) à 10h00 tapante. En les regardant je me dis que, finalement,
Guillaume est un garagiste bien spécial dont le cœur est sans aucun
doute celui d'un Chevalier Conquérant, aidé dans sa tâche
difficile par son fidèle comparse le Chevalier « Eric
Alavalise ». Je les accueille comme je peux, et je m'emploie à
faire la seule chose que je sais faire en pareille circonstance (on
est princesse ou on ne l'est pas!): du café. Pour le coup, je me
sens un peu comme la « godiche » qui attend angoissée
dans son donjon, qu'un miracle opère. Je me surprend même à prier
un dieu hypothétique de venir à mon secours tenant compte de la
grande pureté des intentions logées en mon cœur...
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Guillaume, Chevalier "Conquérant" et "Garagiste" |
Mais Dieu ne fera aucun miracle
(peut-être est-ce parce que je fumais ma clope pendant la prière
rendant celle-ci impure?). Après deux heures de travail pour tenter
de convaincre mon fidèle destrier de redémarrer, « Eric
Alavalise », connu aussi sous le nom « d'Eric Le Doux »,
m' annonce l'air grave qu'il ne comprend pas mais qu'il n'arrive pas
à le redémarrer. Guillaume, alors toujours si justement inspiré,
me demande si, par hasard, nous n'aurions pas inversé les polarités
en connectant les pinces aux véhicules quand nous tentions de
résoudre le problème seuls. C'est alors, que moi-même, prise d'un
étrange moment d' extrême clarté (sans doute l'intervention
minimum du divin et les trois cafés que j'avais pu avaler), je
m'entends répondre : « Ah ! Oui... En effet, Xavier
a inversé les pinces et il y a même eu des étincelles !!! ».
Guillaume, l'air mélangé entre perplexité et désolation :
« ... ». Face à mes yeux ronds, Guillaume toujours :
« Mais il fallait me le dire tout de suite... C'est ça !!!
Vous avez grillé le calculateur ! Putain... Mais pourquoi
Xavier ne m'a pas parlé de ça? ». Il conclut sans appel :
« A tout les coups, c'est ça, sûr à 99, 99% ». Son
fidèle comparse, me regarde et malgré la douceur de son regard
compatissant, il oscille la tête de bas en haut sans un mot, il
confirme silencieux le verdict de Guillaume. Pas le choix, nous
devrons faire emmener le destrier « Mercedes » au garage
à Trèbes. Il faudra vraisemblablement changer le calculateur.
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Et on regarde partir sa maison... |
Devant mon air éploré, et, sensible à
ma voix vacillante implorant la grâce, Guillaume enchaîne :
« Écoute, je vais appeler un transporteur pour vous l'emmener
à Trèbes, je pense que c'est plus prudent : tracter un
véhicule, comme le vôtre, jusque là peut s'avérer trop dangereux.
A Trèbes, je m'occuperai personnellement de votre véhicule, je
téléphonerai au chef d'atelier et je veillerai à ce qu'ils ne vous
gonflent pas les frais. Vous pouvez vider le véhicule du nécessaire
pour le spectacle et ensuite partir à Albas. Je vous téléphonerai
dès que j'en sais plus sur le coût de la réparation ». Entre
temps, j'avais appelé Seigneur « Xavier Le bigleux » à
la rescousse, qui lui, était en guerre sur Carcassonne pour
effectuer son démarchage auprès des commerçants. J'étais
complètement assommée : Outre, que Guillaume m'avait informée
doucement du prix probable de la panne, il fallait encore que je
digère l'idée de me séparer d'une partie de ma maison (ma chambre
et mon bureau), de plus, nous allions devoir effectuer notre voyage
vers Albas en deux fois ( pour tracter la grande roulotte et la
Caravette). Je soulevai une armée d'enfants (trois d'entre eux) qui
aidèrent vaillamment, à dresser la table pour le banquet (les
problèmes n'empêchent jamais les enfants d'avoir faim), à charger
la grande roulotte de tout notre matériel de spectacle, à préparer
à la hâte quelques effets personnels pour tenir le coup lors de
notre fuite vers Albas, je donnai mes ordres pour que l'on prépare
le repas... les ordres furent compris rapidement, me souvenant
qu'étant moi-même l' intendante! Le Chevalier Eric me quitta désolé
de ne pouvoir faire plus, il était attendu en Ariège pour une autre
mission urgente.
Nous apprenions le lendemain matin, ce
matin même, que les frais de réparation s'élèveraient à 1855
euros, le diagnostic de Guillaume était donc exact. A cela nous
devions ajouter les frais de transport s'élevant à 295 euros...
Bref, notre fief se trouvait en bien mauvaise posture financière.
Nous nous demandions si en guise de solution, nous n'allions pas
prélever une dîme sur la population, mais nous doutions déjà de
cette alternative, ayant observé que la colère grondait dans plus
d'un foyer: le peuple était exsangue... Le monde allait mal, et
il m'apparaissait clairement que, de plus en plus fréquemment,
chacun allait devoir chercher en son propre fort, autant de
générosité, d'ingéniosité et de courage que possible, pour
mettre ces qualités personnelles au service du groupe. Des valeurs
de solidarité telles que m' inspiraient les Chevaliers « Guillaume
Garagistéconquérant », « Eric Le Doux », et, Dame
« Emilie Latrèjolie » (Fidèle compagne et muse de
Chevalier Guillaume).
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Ça y'est, c'est fini, en route donc vers Albas avec une seule roulotte... Quand on voit Guillaume, costaud,
portant lourde bague au doigt, vêtement tâchés et noirs, godillots
salis, quand on entend son langage franc et sans détour, quand on
sent sa hargne façonnée par les guerres qu'il a déjà menées,
l'on peut douter un instant d'avoir à faire à un Chevalier... mais
ne vous y trompez pas, la noirceur de son habit cache mal la
blancheur éclatante de son cœur noble... D'ailleurs Chevalier Eric
et Dame Emilie ne s'y sont pas trompés eux!... |
Quant à moi, je regrette de n'être ni
Princesse, ni Reine, car si telle était ma condition, j'aurais
certainement utilisé tout mon pouvoir pour anoblir Guillaume et ses
comparses, j'aurais fait une grande fête avec beaucoup de
troubadours (payés bien sûr) et au terme d'une cérémonie simple
et émouvante je leurs aurais transmis, en gage de ma très grande
reconnaissance, mon drapeau frappé de la fleur de Lys, symbole
incontestable de Noblesse.
Mais n'étant ni Reine, ni Princesse,
j'écris juste ce qu'ils m'ont inspiré : « Dans le
bouquet de soucis, finalement, y' avait un Lys ». Merci encore
infiniment à eux.
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