La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

vendredi 4 juillet 2014

Dans le bouquet de soucis, finalement, y' avait un Lys...


Faut pas jouer les mécanos quand on est artiste...
Xavier avait mal compris : Guillaume ne viendra pas mercredi mais mardi à 10h00. Tant mieux nous gagnerons un jour précieux. Il arrive donc notre Guillaume accompagné comme promis de son ami Eric (The garagiste avec The valise) à 10h00 tapante. En les regardant je me dis que, finalement, Guillaume est un garagiste bien spécial dont le cœur est sans aucun doute celui d'un Chevalier Conquérant, aidé dans sa tâche difficile par son fidèle comparse le Chevalier « Eric Alavalise ». Je les accueille comme je peux, et je m'emploie à faire la seule chose que je sais faire en pareille circonstance (on est princesse ou on ne l'est pas!): du café. Pour le coup, je me sens un peu comme la « godiche » qui attend angoissée dans son donjon, qu'un miracle opère. Je me surprend même à prier un dieu hypothétique de venir à mon secours tenant compte de la grande pureté des intentions logées en mon cœur...

Guillaume, Chevalier "Conquérant" et "Garagiste"

Mais Dieu ne fera aucun miracle (peut-être est-ce parce que je fumais ma clope pendant la prière rendant celle-ci impure?). Après deux heures de travail pour tenter de convaincre mon fidèle destrier de redémarrer, « Eric Alavalise », connu aussi sous le nom « d'Eric Le Doux », m' annonce l'air grave qu'il ne comprend pas mais qu'il n'arrive pas à le redémarrer. Guillaume, alors toujours si justement inspiré, me demande si, par hasard, nous n'aurions pas inversé les polarités en connectant les pinces aux véhicules quand nous tentions de résoudre le problème seuls. C'est alors, que moi-même, prise d'un étrange moment d' extrême clarté (sans doute l'intervention minimum du divin et les trois cafés que j'avais pu avaler), je m'entends répondre : « Ah ! Oui... En effet, Xavier a inversé les pinces et il y a même eu des étincelles !!! ». Guillaume, l'air mélangé entre perplexité et désolation : « ... ». Face à mes yeux ronds, Guillaume toujours : « Mais il fallait me le dire tout de suite... C'est ça !!! Vous avez grillé le calculateur ! Putain... Mais pourquoi Xavier ne m'a pas parlé de ça? ». Il conclut sans appel : « A tout les coups, c'est ça, sûr à 99, 99% ». Son fidèle comparse, me regarde et malgré la douceur de son regard compatissant, il oscille la tête de bas en haut sans un mot, il confirme silencieux le verdict de Guillaume. Pas le choix, nous devrons faire emmener le destrier « Mercedes » au garage à Trèbes. Il faudra vraisemblablement changer le calculateur.

Et on regarde partir sa maison...
Devant mon air éploré, et, sensible à ma voix vacillante implorant la grâce, Guillaume enchaîne : « Écoute, je vais appeler un transporteur pour vous l'emmener à Trèbes, je pense que c'est plus prudent : tracter un véhicule, comme le vôtre, jusque là peut s'avérer trop dangereux. A Trèbes, je m'occuperai personnellement de votre véhicule, je téléphonerai au chef d'atelier et je veillerai à ce qu'ils ne vous gonflent pas les frais. Vous pouvez vider le véhicule du nécessaire pour le spectacle et ensuite partir à Albas. Je vous téléphonerai dès que j'en sais plus sur le coût de la réparation ». Entre temps, j'avais appelé Seigneur « Xavier Le bigleux » à la rescousse, qui lui, était en guerre sur Carcassonne pour effectuer son démarchage auprès des commerçants. J'étais complètement assommée : Outre, que Guillaume m'avait informée doucement du prix probable de la panne, il fallait encore que je digère l'idée de me séparer d'une partie de ma maison (ma chambre et mon bureau), de plus, nous allions devoir effectuer notre voyage vers Albas en deux fois ( pour tracter la grande roulotte et la Caravette). Je soulevai une armée d'enfants (trois d'entre eux) qui aidèrent vaillamment, à dresser la table pour le banquet (les problèmes n'empêchent jamais les enfants d'avoir faim), à charger la grande roulotte de tout notre matériel de spectacle, à préparer à la hâte quelques effets personnels pour tenir le coup lors de notre fuite vers Albas, je donnai mes ordres pour que l'on prépare le repas... les ordres furent compris rapidement, me souvenant qu'étant moi-même l' intendante! Le Chevalier Eric me quitta désolé de ne pouvoir faire plus, il était attendu en Ariège pour une autre mission urgente.

Nous apprenions le lendemain matin, ce matin même, que les frais de réparation s'élèveraient à 1855 euros, le diagnostic de Guillaume était donc exact. A cela nous devions ajouter les frais de transport s'élevant à 295 euros... Bref, notre fief se trouvait en bien mauvaise posture financière. Nous nous demandions si en guise de solution, nous n'allions pas prélever une dîme sur la population, mais nous doutions déjà de cette alternative, ayant observé que la colère grondait dans plus d'un foyer: le peuple était exsangue... Le monde allait mal, et il m'apparaissait clairement que, de plus en plus fréquemment, chacun allait devoir chercher en son propre fort, autant de générosité, d'ingéniosité et de courage que possible, pour mettre ces qualités personnelles au service du groupe. Des valeurs de solidarité telles que m' inspiraient les Chevaliers « Guillaume Garagistéconquérant », « Eric Le Doux », et, Dame « Emilie Latrèjolie » (Fidèle compagne et muse de Chevalier Guillaume).

Ça y'est, c'est fini, en route donc vers Albas avec une seule roulotte...
Quand on voit Guillaume, costaud, portant lourde bague au doigt, vêtement tâchés et noirs, godillots salis, quand on entend son langage franc et sans détour, quand on sent sa hargne façonnée par les guerres qu'il a déjà menées, l'on peut douter un instant d'avoir à faire à un Chevalier... mais ne vous y trompez pas, la noirceur de son habit cache mal la blancheur éclatante de son cœur noble... D'ailleurs Chevalier Eric et Dame Emilie ne s'y sont pas trompés eux!...
Quant à moi, je regrette de n'être ni Princesse, ni Reine, car si telle était ma condition, j'aurais certainement utilisé tout mon pouvoir pour anoblir Guillaume et ses comparses, j'aurais fait une grande fête avec beaucoup de troubadours (payés bien sûr) et au terme d'une cérémonie simple et émouvante je leurs aurais transmis, en gage de ma très grande reconnaissance, mon drapeau frappé de la fleur de Lys, symbole incontestable de Noblesse.

Mais n'étant ni Reine, ni Princesse, j'écris juste ce qu'ils m'ont inspiré : «  Dans le bouquet de soucis, finalement, y' avait un Lys ». Merci encore infiniment à eux.




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