La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

mardi 28 avril 2015

Surréalisme français à la sauce belge...


Depuis peu, Xavier et moi allons de temps à autres à Carcassonne, au Colysée (cinéma de quartier), pour aller y voir des films qui n'intéressent pas forcément nos enfants. Ainsi, nous nous offrons nos premières petites escapades à nous deux, laissant nos quatre enfants seuls à la roulotte. Expérience rafraîchissante pour tout le monde, les uns y testent leur autonomie, les autres apprennent à être un peu plus responsables, et les plus grands (je vous laisse deviner lesquels...) s'échappent en ricanant, jouissant du sentiment précieux d'une certaine liberté retrouvée.

Hier soir donc, nous décidons de nous rendre à la projection de 20H30 du film de Pierre Jolivet « Jamais de la vie ». Olivier Gourmet y incarne un gardien de nuit, dans une banlieue, chargé de la surveillance d'un complexe commercial non loin de Paris. Arrivés, nous payons nos billets et nous nous installons dans la salle. Le film est précédé, comme à l'habitude, des publicités et bandes-annonces.

Un petit film publicitaire met en scène un jeune homme (la trentaine tout juste), celui ci vient d'hériter des biens de son grand-père ou de son vieil oncle, je ne sais plus... Il se rend en voiture, à la vieille demeure (style manoir délabré) de son ancêtre. Le jeune homme tient une lettre à la main. Une fois, dans la place (une sorte de grande pièce encombrée de choses éparses et poussiéreuses : un genre de laboratoire sympathique), l'homme déplie la missive, et l'on entend à travers la voix « off » de l'ancêtre, le message contenu dans le courrier. Il explique au jeune homme les motivations qui l'ont poussé à le privilégier lui, plutôt qu'un autre membre de la famille. Il lui a en effet légué tout ce qu'il possédait. On comprend que le « jeune » appréciait le « vieux » pour ses qualités de visionnaire alors que les autres le percevaient comme un vieux fou et n'avaient jamais rien compris à la nature de ses travaux. La lettre invite le jeune homme à entrer sans crainte dans une des deux sphères posées côte à côte dans la salle... Pendant que le « quidam » obéit sans comprendre, la voix de l'ancêtre continue enthousiasmée par son génie. On voit le jeune homme disparaître et réapparaître aussitôt dans l'autre sphère : l'ancêtre a réussi rien de moins que la mise en pratique de la téléportation. « Imagine ! Un monde enfin débarrassé des routes, des problèmes d'embouteillages, de la fatigue des longs trajets, un monde sans voiture...! » : sont à peu près les mots qui concluent joyeusement le message. Le visage de l'homme est penché sur la missive, il prend son briquet dans sa poche, il brûle la lettre, il sort rapidement de la demeure, il monte en souriant dans sa voiture flambant neuve et il s'en va, laissant derrière lui l'héritage légué par un « vieux fou visionnaire », préférant s'accrocher à la « valeur sûre » de sa voiture. Fin du spot. Xavier et moi nous nous sommes regardés et avons souri en silence, frappés tout les deux par la violence du message publicitaire et de son conditionnement induit.

Ensuite, le film de Pierre Jolivet commence. Lourd, lent, social et dépressif mais aussi, plein de bons sentiments : le « gentil » héros est un gardien de nuit, disons plutôt un gardien d'ennui, qui pisse sur le parking déserté du complexe commercial miteux dont il est un des agents de sécurité, il n'arrive pas à tuer son ennui mais il essaye, en jouant à la voiture téléguidée, en grillant clopes sur clopes, en buvant quelques petites rasades d'alcool, en recousant son pantalon, en hurlant très fort très fort dans le petit cagibis qui lui sert d'abri pour la nuit, en réparant de vieilles choses achetées au rabais ou volées par son ami éboueur et arabe, pour ensuite les offrir en cadeau à son autre ami agent de sécurité et black qui a réussi à trouver du travail grâce aux papiers d'identité de son cousin. Le héros reçoit parfois, dans l' appartement deux pièces de sa cité très miteuse et moche, sa sœur (qui est une salope et qui/ car elle trompe son mari), son beau-frère (qui est un raté et qui/ car il ne sait plus bander), le petit voisin de cité arabe qui pourrait l'aider à glaner, en échange d'un peu de fric, quelques informations sur un étrange véhicule qui rôde sur le parking du complexe commercial et dont la présence inquiétante semble présager d'un braquage probable. Le braquage aura lieu. Notre protagoniste, victime et malheureux, se transformera alors en « héros des temps sont durs » quand il tentera de récupérer, in extrémis et au péril de sa vie, la somme volée. Il n'utilisera pas pour lui le fruit du larcin ! Non, non !... (de toute façon il va crever) Il ira poser la valise, tel un Robin des bois « des temps sont très durs » dans le coffre de son assistante sociale chargée de sa réinsertion dans le monde du travail. Elle même, était en bien mauvaise passe, coincée à son poste pour gagner une misère, habitant une cité (encore pire que celle du héros) avec deux enfants qu'elle élève seule parce que, bien sûr, son mec (qui est un salop) s'est barré du jour au lendemain sans assurer les ressources de la famille. « Elle ne sait plus se payer de crème pour la peau depuis un an, elle doit choisir entre un nouveau lit pour son fils dont les pieds dépassent du matelas et l'orthodontiste pour les dents de sa fille qui filent à droite » (les dents! Pas la fille, car dans le film le tout tire à gauche!). Tout le monde finit par mourir, sauf l'un(e) ou l'autre qui résiste mais qu'on se demande finalement s'il n'aurait pas mieux valu qu'il/elle meure. Bref, moi-même j'ai failli m'endormir ou mourir plusieurs fois, croulant sous les poids de la déprime et du « fatalisme » de ce film, assortis du sentiment de totale impuissance. Le film de Jolivet était aussi gai qu'un dimanche à Carcassonne ou à Castelnaudary ! (N'y allez pas forcément un autre jour, ce n'est pas mieux!)

Sortant du cinéma, je m'interrogeais tout haut sur cette attitude qui consiste à broyer du noir, à se plaindre, à cultiver la déprime, tout en s'offrant la conscience tranquille du « bon », le « bon » étant, ici, bien sûr celui qui partage (même avec les blacks et les arabes), celui qui comprend " les pauvres des cités", celui qui défend en son for intérieur des valeurs de loyauté, d'honnêteté et de justice en se laissant aller parfois à traiter sa soeur de salope (chouette! Il devient humain, je me suis dit, il va enfin se passer quelque chose …) Mais non! Le soufflé est retombé aussitôt parce qu'il n'était sans doute « pas très correct » de traiter sa soeur de salope et ce n'était sans doute pas « très compatible » avec l'esprit de notre Jean « bon » pendouillant aussi gai qu'un pendu à la corde de ses bons sentiments... Moi qui espérais sortir un peu de mon quotidien routinier et du grand écart éprouvant de mon esprit qui oscille perpétuellement entre la morosité ambiante du « qu'est c'tu veux... on n'a pas l'choix!», l'esprit révolutionnairqueque du «  tout va péter ! Bien fait pour la gueule à tout le monde», la connerie éclairée du « on va tout changer... euh... à commencer par le grignotage à l'école! », la joie de l'élue hystérique « ça y est, j'ai arrêté d'manger d'la viande ! J'me sens beaucoup mieux ! Et les petits animaux aussi d'ailleurs! », le mysticisme idiot du « ce monde en crise accouchera de l'homme conscient ! Les autres ne seront plus là pour le voir...», je me suis retrouvée bêtement engluée dans l'angélisme démocratique et non-raciste du film très sérieux de Pierre Jolivet contrastant désagréablement avec le petit bijou plein de joie de Jafar Panahi censuré par l'Iran et vu la semaine précédente : « Taxi Téhéran ». Un film réalisé dans des contraintes extrêmes et qui dépeint avec intelligence et humour la dure et grave réalité des citoyens (dont lui-même, assigné à résidence et interdit d'exercer son métier) soumis au régime autoritaire et liberticide en place.

Calmant ma colère en tétant compulsivement sur ma vapote (car mon esprit sain et les esprits sains de tous les non-fumeurs réunis me répétaient depuis des années que fumer n'était « pas bien » pour mon adorable corps et surtout ce n'était « pas bien » pour l'adorable corps de tout ceux qui avaient eu le bon sens de ne pas fumer! ») Bref, mon esprit sainement éclairé dans mon corps désormais « sain » avait fini par gagner: me taraudant depuis 5 mois comme l'aiguillon de l'infirmière pour que j'arrête de fumer, je m'étais mise à vapoter. Ma déception est tout de même grande car si j'y ai gagné en santé physique, maintenant je dois bien le dire, je me tape régulièrement les non-fumeurs qui étaient fumeurs, les vapoteurs qui ont envie d'arrêter, les ex-vapoteurs redevenus fumeurs, et les vrais non-fumeurs qui n'ont jamais fumé, tous me rappellent à quel point il est important de vivre dans un petit corps « sain » et de travailler à l'effort du groupe, au travers de petites remarques dont ils ne sont jamais en reste et qui font vasciller ma santé mentale : « Je pense que vapoter est très mauvais, il faudrait que tu arrêtes...Le nombre de saloperies qu'il y a dans ces produits... J'ai lu un article qui... Finalement, je suis revenu à la clope... Ah, moi, j'y ai jamais touché, je n'en n'ai jamais éprouvé le besoin... Tu as vu ils ont interdit de vapoter dans les lieux publics, il paraît que c'est nocif pour ceux qui ne vapotent pas... ». Parfois je me demande pourquoi on interdit pas la parole dans les lieux publiques (mais ça, ce n'est pas très sain de le dire!) Au désespoir et baignant dans le marasme angélique, je me disais en vapotant, que notre déterminisme individualiste à vouloir voir dans cette démocratie l'incarnation de nos idées très personnelles (et forcément plus justes que celles des autres) occupait nos jours et nous offrait la conscience tranquille, pendant que la dictature démocratique du « bien gagner », du « bien penser », du « bien croire » grignotait peu à peu les libertés du plus grand nombre, y compris et depuis longtemps, celles des citoyens de pays lointains que nous percevions comme les victimes ou les tyrans de systèmes « anti-démocratiques », nous angéliques et cachés derrière une « démocratie » hypocrite qui asservissait quotidiennement toujours un peu plus. Petite réflexion découlant de ma soirée et à l'usage de tout les candidats au vapotage : comme vous vous en êtes sans doute rendu compte, le fait de vapoter ne calme pas forcément l'esprit, mais en tout cas ça ne l'empêche pas de penser... je ne sais pas, par contre, si ça rend l'esprit plus lucide, ou plus malin, ou plus intelligent, et je préfère ne pas le savoir car j'ai souvent observé que dans la posture qui consiste à se savoir intelligent, on s'ignore souvent con!...

Donc je vapotais dans la voiture, heureuse de regagner « ma caverne-roulotte » après cette sortie risquée.(Je suis Cancer, et en tant que représentante des crabes, je revendique fièrement le droit à l'absence et au manque de courage : face au marasme, je me replie donc en marchant de côté et j'attends en scrutant le monde extérieur depuis l'entrée de ma discrète retraite). Je conseille par ailleurs à toutes les personnes sensibles et/ou allergiques en souffrance de pratiquer le retrait silencieux, plutôt que d'entamer une guéguerre d'égos avec le Xième égo qui s'exprime. En attendant ma retraite, je tentais de me calmer dans l'habitacle protégé de la voiture, quand soudain, je vis au loin une femme sur le bas côté de la route qui agitait les bras : la pauvre faisait du stop sous la pluie battante. (Je précise donc qu'il n'est pas toujours facile de pratiquer une retraite pourtant ardemment souhaitée et urgemment nécessaire). Même si, Xavier et moi, nous n'en n'avions pas envie, nous nous arrêtions (on peut tout de même pas laisser une femme faire du stop à cette heure avancée, et sous la pluie, au seul prétexte qu'on est tellement mieux dans sa caverne!...). Aussitôt que notre voiture fût arrêtée, la femme arriva en courant, elle ouvre la porte arrière du 4X4 et indique qu'elle se rend à Quillan.

-« Nous n'allons pas à Quillan... Nous prenons la direction de Limoux, mais nous nous arrêtons bien avant... »
-« Pas de problème, déposez moi s'il vous plaît à la sortie de Carcassonne sur l'axe rapide vers Quillan, ça ira déjà très bien... »
-« O.K, montez... Ça ira ?... Y'a un peu de bazar...»
-« Putain ! C'était royal !... »
-« !!!... »
-«  Qu'est-ce qu'on leurs a mis ! On était en mode... On leurs a retourné le système nerveux au CRS ! »
-« !!!... »
Wouaaaw ! C'était génial... Ils sont venus nous emmerder, mais nous on a tenu bon, on leurs a foutu la pagaille... On était à la free party... Tu connais ? Tu vois ce que c'est... Une free Party? »
-« Non, je ne vois pas ce que c'est... »
-« Putain ?! Tu sais pas ce que c'est une free party ? C'est une grande teuf ! Tu vois ? Une méga teuf quoi ! Putain, ça a bien caillassé, y'en a quelques uns qu'ont bien ramassé... On était en mode méga teuf... Tu vois... Les flics ils voulaient pas qu'on soit là, mais on les a bien fait chier. Waaaaouw, c'était super ! Je m'suis un peu pété la cheville, mais qu'est-ce qu'on s'est marré !...J'attends la prochaine elle s'ra encore plus grave... »

Pendant que je m'inquiétais un peu de l'irruption de cette « bizarrerie » qui ne me semblait pas dans son état « normal » (écoutant la meuf qui revenait de sa teuf je ne savais plus trop ce que voulait dire normal...), je l'interrogeai sur l'endroit d'où elle venait... Je me disais, réfrénant un fou-rire, qu'il lui faudrait bien 10 jours pour retrouver le calme (elle était complétement survoltée), je me disais aussi que vu ce qu'elle avait pris, elle devait sans doute me voir en rose, avec des oreilles de lapin, une aura jaune autour et quelques étoiles, quant à Xavier, elle devait volontiers l'imaginer avec un joli bonnet rouge et une barbe blanchie tel un père Noël égaré dans la pampa carcassonnaise... Pendant qu'elle me confirmait par ses propos la prise collective de substances bizarres en se moquant de la tête des CRS qui devaient sûrement les prendre pour des voleurs et des drogués, je surpris chez moi la présence d'une pensée similaire: elle allait sûrement voler nos... jolies poches de chez Leclerc (Non, cette idée était trop incongrue : personne ne vole les poches de chez Leclerc, quoi que... la remarque n'était pas stupide puisque je les avais tout de même payées!)... Halala, on ne se refait pas ! Je chassai immédiatement cette idée mesquine héritée à la fois d'un bagage instinctif puissant remontant à l'ère des cavernes ou la peur était une alliée (caverne dont finalement je n'étais jamais vraiment sortie) et d'un fatras d'idées reçues provenant sans doute d'un lourd passé historique et culturel... Elle, toujours excitée, enchaînait :

-« Ben j'viens d'Avignon ! T'as pas vu?... Normal, ils ont pas voulu couvrir l'événement via les médias... Ils ont trop peurs que ça renverse et que ça foute la merde partout... Wouaaaw ! Putain ! On leurs a mis sur la gueule grave ! On leurs a renversé le système nerveux aux CRS! Mais, t'inquiète ! On a balancé des images sur youtube ! Ils vont voir !... Putain ! Y'en a un qu'on a quand même réussi à envoyer à l'hôpital !... Bon, c'était pas méchant... Mais on l'a eu quand même!»

La voiture arrivait à la sortie de Carcassonne, nous allions pouvoir déposer la "raveuse" (rêveuse?).

-« Y'avait des grosses enceintes tu vois, du gros matos quoi!... On avait tout un mur d'enceintes, tu vois... Fallait sauver l'matériel, putain... Alors on a caillassé puis on s'est barré, on est monté dans un bus genre mode... euh... Mode... Tu vois mode London quoi... Tu sais les gros bus, y'avait des fauteuils partout à l'étage... C'était méga top grave... On a réussi... Waouaaaw ! Putain ! On est en mode... En mode révolution!... Aller ! Salut... Merci... A plus!... »

Donc, en fait, le salut du monde c'était ça ?... Une nouvelle prise de la Bastille version 2015... D'un coup je me souvenais que j'avais débarqué en France pays des Lumières, des grands auteurs, des grands principes, bastion des esprits scientifiques les plus brillants, terre de citoyens courageux et braves issus tout droit de la révolution et qui n'avaient pas hésité à guillotiner leurs rois (eux!)... Une rave party bien arrosée, quelques cachets d'acide et dans un hangar agricole pouilleux, sur une musique after cac, quelques cailloux balancés sur des CRS venus faire démonter l'installation... Wouaaaaaw ! Alors là ! J'étais grave renversée dans mon système nerveux!... Et même qu'on en parlait déjà sur Youtube, pas de doute, la révolution était en marche ! Plus aucun souci à se faire quant à l'état de notre planète, une bande d'esprits éclairés allaient tout péter et « caillasser » tous les méchants du monde: les lapins roses à grandes oreilles allaient tuer les vilains chasseurs à têtes de renard, en criant tue tue tue sur un rythme pulsé en mode... en mode guerre totale ! Wouaaaaw ! La méga teuf !

Je rentrais chez moi, la tête en vrac sans avoir pris aucune substance illicite, à part la vapote! (nicotine et vapeur d'eau bio : c'est triste la santé!) Et oui, depuis que je vivais ici, débarquant un jour avec une certaine idée de la paix, pensant être au pays des Lumières, je faisais pourtant l'amer constat que je n'avais toujours pas trouvé l'interrupteur! Mais bon, je ne viens pas des Lumières moi! Je viens d'un pays qui se passe de gouvernement tout en occupant la mission obscure et non moins délicate d'abriter le parlement européen... Alors dans tout ce « brol » (bordel), je décidai de plus en plus fréquemment de gagner mon jardin.

Au calme, dans ma roulotte, je voyais pousser toutes sortes d'herbes, les aromatiques, les odorantes, les vénéneuses, les calmantes, les excitantes, et mêmes celles que l'on qualifiait de « mauvaises », à chacune je trouvais les vertus particulières, et j'exploitais par là, les paradoxes de ma terre intérieure, ses richesses aussi... Peu à peu, je retrouvais la paix tout en intégrant profondément que la paix n'était qu'une « idée » comme une autre. J'observais que l'idée échappait au réel. Je méditais : L'esprit libre accorde peu de foi aux idées, même celles qui défendent "la liberté", mais il expérimente plutôt ses propres contraintes et par là il se libère. Ensuite, bien sûr, je reprenais ma vapote en rêvant de fumer mon tabac. Car vapote ou cigarette, l'important n'était-il pas de cultiver et d'aimer derrière nos brouillards?...

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