La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

mardi 2 septembre 2014

Le portrait de "Paulo"

Sur le bord des berges à Homps... Bientôt Félines, chez Paulo.
A peine finies nos dates sur Homps, nous nous mettons en contact avec Paul, un spectateur rencontré à Homps et qui après le spectacle nous avait proposé de passer chez lui, si nous en avions besoin ou envie. Il avait un peu de terrain, disait-il, et cela ne lui posait aucun problème. Nous ne connaissions pas encore les contreforts de la montagne noire dans l'Aude et nous trouvions que c'était une belle occasion de nous poser deux ou trois jours afin de souffler un peu, dans cette région du Minervois, sur les hauteurs de Felines à 250 mètres au-dessus de la plaine, légèrement à l'Est de Carcassonne. Nous voilà donc en route vers notre nouvelle destination à environ 20 km de Homps, soulagés, nous pensions donc en avoir pour 45 minutes de trajet à peine. Si en effet, la route fût rapide, l'arrivée fût plus éprouvante : il ne s'avéra pas simple de garer notre convoi sur la parcelle de terrain. Au bout de deux heures de manœuvres difficiles, Paul alla chercher son tracteur pour tirer le tout (la roulotte principale, et le 4X4). Je priais pour qu'on en finisse sans casse et que l'on puisse enfin se reposer, heureusement nous n'avions pas nos enfants; les uns chez leurs grands- parents, l'autre à la mer, et la dernière chez une amie. Ainsi, nous évitions le stress lié à la gestion des enfants dans ce mic-mac de manœuvres improbables. On était un peu loin de l'idée de repos...

Arrivée sur les hauteurs de Félines Minervois


Toutefois, observant discrètement Paul que je ne connaissais pas, je fût frappée par son sourire et son énergie. Il courait d'un point à l'autre tel un cabri, guidant, signalant un obstacle, posant des questions, et toujours ce rire particulier qui ponctuait régulièrement ses remarques : « Peut-être faudrait-il passer par là ? Peut-être faudrait-il dés-atteler et tenter la manœuvre dans l'autre sens ? ». S'interrogeant tout haut : « Oui, vous êtes crevés? Je comprends... ». Enfin, une fois le convoi relativement installé grâce à la force de son tracteur, il nous suggère de nous poser là. « Vous fignolerez après!... Venez que je vous montre la maison... je vous présente aux amis... ». Je lui demande timidement : « Tu t'appelles Paul ou Paolo ou Paulo ? En fait, c'est quoi ton nom? »Il répond :  Paulo ... Il précise : « En fait, c'est Paul, mais « Paulo » pour les intimes »... En moi-même, je me questionne : « Sommes-nous suffisamment intimes ? Dois-je l' appeler Paul? », et irrésistiblement, je sens que c'est foutu; je glisse déjà vers l'envie curieuse de lui poser plein de questions.


Car « Paulo », est grand, il est beau, il a un sourire accroché aux lèvres, un sourire un peu coquin, comme celui des enfants, il est un peu comme un enfant qui s'est fait homme. Un homme de valeurs qui a su préserver l'énergie et la joie de l'enfance. Il est fort, non pas fort de ses certitudes, mais fort de ce courant joyeux qui, quand il court, anime son grand corps. Il pose des questions mais quand vous y répondez, il est déjà prêt à vous en poser une suivante. Il est curieux, il semble sensible à la souffrance, mais comme protégé par un bouclier de douceur, il désarme de son sourire, l'angoisse, la peur, le doute. Il a les mains solides des travailleurs manuels et de la terre, il dit qu'il vit juste au-dessus de la pollution, il a des vaches, et un taureau (c'est le taureau le plus doux), un chien qui s'appelle Zébulon. Il est amoureux de sa compagne, de cette nature parfumée qui l'entoure, gourmand de la vie, de ses enfants et ceux des autres, de ces arbres tout autour qu'il aime et qu'il travaille. Plonger en « Paulo », c'est comme plonger dans un bain de jouvence, dans des eaux tièdes et douces, c'est s'éclabousser et puis rire, c'est apprécier les belles choses, c'est sentir l'odeur du bois, c'est contempler à travers lui ce qu'il reste de sa propre innocence. C'est regarder l'intact. Alors pour moi, c'est décidément « Paulo » et je suis heureuse qu'il m'ait offert une part de cette intimité...
Alors levé de rideau sur cet « enfant » fait homme qui connu, les roulottes, l'instruction à la maison, l'amour de ses parents, et la magie du théâtre...

Paulo et son ami Greg à gauche sur le toit de la roulotte...
Quel est ton nom ? Dautais Paul, ma mère et les intimes m'appelle « Paulo »
.
Ton âge? 34 ans. Je suis né le 24 février 1980. Il ajoute amusé : « J'ai eu mes 24 ans le 24 du 02. 2004. C'était le mieux (le meilleur anniversaire) ; J'ai invité plein d'amis et c'était un anniversaire que de gâteaux! ».

Comment es-tu arrivé à Félines ? Après neuf ans, ma mère en avait marre du climat trop humide du Tarn, on arrive et on s'installe dans le presbytère de Félines, mon père avait un atelier en-dessous. C'était une belle période, on allait à l'école et mes parents allaient se promener, on jouissait d'une facilité financière liée à la vente de nos biens dans le Tarn. On se retrouvait au centre du village, mon père (Franck) ne le supportait pas et il a voulu retourner dans le Tarn, mais nous avions des cours de théâtre ici à Félines, et nos amis étaient ici. Ma mère ne supportait pas mieux le climat, finalement nous sommes revenus à Félines, nous y avons acheté un terrain et construit notre petite maison. J'ai alors 13 ans et je récupère la roulotte dans laquelle nous avions logé, la roulotte devient ma chambre, et ma sœur Viviane occupe un petit chalet.

Quel est ton travail? Je travaille le bois. Je suis dans le bois jusqu'au cou (il rit). Je suis charpentier, c'est mon diplôme de charpentier qui m'a permis de me payer ma première vache, que j'avais nommée « Éléonore » du prénom de ma prof de français.(Je demande : « elle était vache?), il enchaîne souriant : « non pas du tout, au contraire, je l'adorais! ».

Le tour à bois dans l'atelier de Paulo

Erwenn recevra un joli couteau fait par les mains habiles de notre ami
Quel est ton parcours d'étude? J'ai fait 5 ans à Toulouse chez les compagnons (la Fédération Compagnonique). J'avais été à l'école élémentaire, puis à l'entrée au collège, l'école ne me convenait plus. Mes parents m'ont gardé à la maison, j'ai bénéficier du savoir faire de mon père en ébénisterie pendant 3 ans, et quand j'étais prêt, mûr pour quitter ma « tribu », je suis entré aux compagnons, je suis tombé sur des supers profs. C'était le moment parfait pour quitter ma famille, me former comme charpentier, faire des connaissances en vivant à Toulouse.

Quelle est ta maison aujourd'hui? J'ai récupéré la maison de ma mère qui en avait fait un lieu de vie, un lieu d'accueil pour les enfants en difficulté. (La maman Mireille occupe encore cette maison, et la cohabitation se fait très harmonieusement les uns et les autres bénéficiant de leur espace intime et personnel). Il enchaîne : « Je conçois bien la roulotte en voyage mais pas en habitat sédentaire. » (Paulo a encore sa roulotte sur une partie de terrain mais il ne l'habite pas.)

As-tu des passions? Oh ! J'en ai plein ! La musique, la clarinette, l'agriculture... Je suis très agricole... J'aime aussi mon métier car j'y travaille beaucoup de matériaux différents, j'aime la marche pour découvrir d'autres endroits et d'autres gens. J'aime le changement.

Vis-tu en couple? Oui, carrément !!! C'est quelque chose qui m'est important. J'aime le quotidien. Le partage du quotidien avec quelqu'un : la cuisine, les tâches, l'éducation des enfants, la vie de la maison. J'aurais du mal à croire que ce partage n'est pas possible.

As-tu des enfants? Quatre. Il se reprend et précise : « enfin, deux à moi, et deux à ma compagne. »

Si tu étais un arbre?J'aime beaucoup les arbres... J'y avais déjà réfléchi... (Il se concentre en mangeant une pêche)... Y'a des arbres qui vivent pas seuls. Je pense que j'aimerais être le frêne. J'aime sa franchise. Il peut être, au bord de l'eau ou en montagne, isolé ou avec d'autres. J'aime autant son bois que l'arbre lui-même.

Une plante? Pour le moment je suis dans la garrigue, donc ça pourrait être l' aphylante... Très riche pour les vaches... C'est dans les plantes que je puise beaucoup l'énergie vitale, c'est difficile d'en choisir une. Quand je vais mal, je les regarde et je ressens leur énergie, elles me ressourcent.

Le barrage en contre bas du village où l'on se baigne
Un animal? Ils ont pas la bonne place les animaux... Je serais un animal volant. Les animaux on les séquestre, on les martyrise. Les animaux domestiques subissent des choses violentes, les sauvages, ont de moins en moins de place. Et puis, le fait de découvrir le monde d'en haut, c'est bien. Vivi (sa compagne) m'a offert, pour mon dernier anniversaire, un baptême en parapente, c'est très agréable !

Une épice? La cannelle. C'est doux et en même temps c'est fort... Il ajoute gourmand : Et puis ça se marie bien avec les pommes !!!


As-tu des regrets? Oui, j'en ai un. Il est lié à la séparation avec mon ex-compagne. J'ai du mal à comprendre qu'avec quelqu'un de si proche, on soit « fâchés ». J'ai du mal avec cette douleur, ce conflit. Ça me fait penser à la guerre. J'ai du mal à comprendre qu'après 7 ans de vie commune, on puisse ne plus se comprendre.

As-tu des rêves et les as-tu réalisés? Oh ! J'ai plein de rêves ! Mais je me dis qu'à 34 ans, j'en ai déjà réalisés pas mal... Si j'arrive à en réaliser autant les prochaines 34 années, vraiment je suis content !

Quel est ta vision du monde actuel? Je vois un monde assez égocentrique. A plus petite échelle, celle de mon pays, on est trop égo centré... Il cherche ses mots...On est trop dans l'individualisme... Ayant trouvé le mot qui lui convient, il enchaîne... Je souhaite que le monde ait moins peur, qu'il y ait plus de gentillesse... Qu'il y ait moins de peur, peur de vivre. Que l'on favorise le côté positif, qu'il y ait plus de douceur. Il fait une parenthèse soudaine... On a un très beau film à voir : c'est quatre enfants issus de quatre coins du monde, ils doivent faire le chemin pour aller à l'école en faisant face aux plus grandes difficultés. Ce film parle d'amour, de bienveillance. Il y a entre ces enfants une énorme solidarité... Il revient à son fil initial...On a une sacrée chance et on se plaint ! On fabrique de la misère !Songeur,il semble s'interroger tout haut...Peur de quoi ? De manquer ? On a tout. Trop.

clin d’œil d'un papillon lors d'une de mes promenades contemplatives
As-tu une devise? J'avais fait un panneau : c'était une roulotte qui était cachée par une maison, l'idée était : « Une vie peut en cacher une autre. »J'avais aussi fait un écriteau à l'arrière de la roulotte : « Profites de vivre un jour à 5 km/h! »

Que serait le bonheur pour toi? Avoir des enfants en bonne santé...Il réfléchit... Cette liberté que l'on a à se construire aussi.
Erwenn joue avec Paulo
Es-tu heureux? Un peu mon neveu !!!Il marque un temps et plus sérieux il ajoute:Non, j'ai vraiment pas à me plaindre !

En tant que père souhaiterais-tu transmettre quelque chose de particulier à tes enfants?Oui, cette joie de vivre que l'on m'a donnée. Après, ça fait tout le reste !

Ton/ta pire cauchemar, angoisse, peur? Perdre un enfant. Il revient sur un souvenir d'enfance:Quand j'étais en 6ème, au collège, pendant un an, je me voyais au bord d'un bassin de tannerie, et j'avais peur de savoir que je pouvais tomber dedans. Il vient à un souvenir plus proche et raconte en rigolant:Un an avant de me séparer, je pédalais sur un vélo aux roues beaucoup trop petites.

Ta vision de la relation aux autres?L'échange ? Il s'interroge tout haut ? C'est possible ça ?...Il précise:moi, je me sers beaucoup de la bienveillance : pas de jugement, de poids, de pression sur les autres.

Es-tu libre? Je me sens assez libre. Il y a quand même une petite ancre due à la séparation : je ne peux pas m'éloigner trop loin ou trop longtemps avec les enfants, j'aimerais voyager avec eux, peut-être, je le ferai plus tard.
Une des roulottes construite par Paulo
Sur quoi penses-tu encore devoir travailler? Je suis trop dans le « faire », j'aimerais être plus dans « l'être ». J'ai déjà travaillé dessus, mais y'a encore du boulot.

En quoi as-tu vraiment progressé? Au moment de la séparation, j'ai raboté mes idéaux...Il précise:Par exemple, j'avais vraiment dans l'idée de polluer le moins possible, je pouvais aller très loin et souhaiter la suppression de l'électricité, de la voiture, etc... Je me rend compte que certaines choses simplifient la vie, j'étais trop radical. Ce n'est pas bon d'être radical.

Comment vois-tu la vie, la mort? Je pense que l'on a tous quelque chose à amener ici, nous ne sommes pas là par hasard. J'espère poser mon petit grain de sable dans l'océan, avoir le moins peur possible des gens pour leurs permettre aussi de déposer leur grain de sable. Enlever les peurs, toujours la bienveillance... Il réfléchit et va aborder la mort...Je n'ai aucune culture religieuse, je suis athée, je ne me pose pas la question de savoir ce qu'il se passe après la mort, je ne veux pas souffrir. Je suis un carnivore tueur, je peux enlever la vie à un animal ou une plante. Je serais content d'être enterré aux pieds d'un arbre pour pouvoir le nourrir. Je pense que l'on ne meure pas tout à fait : par notre empreinte, on peut aider à faire vivre les autres. Je voudrais choisir l'endroit de ma mort, je vais m'organiser pour... Si ce n'est pas possible en France, je le ferai dans un autre endroit. J'ai plus peur de la vieillesse que de la mort.

A ton dernier repas que dirais-tu? J'ai bien croqué la vie!Il ajoute en riant:C'est pour ça que j'adore les pommes !

Qu'est ce qui te met en colère? L'injustice me fâche, en fait, je suis attristé plutôt, les guerres m'attristent...Il s'interroge:Je ne sais pas si j'ai eu droit à la colère, j'ai pas l'impression d'être très colérique... Je sais pas ?

Quelle est ta plus belle qualité? Je ne suis pas assez orgueilleux pour savoir dire vraiment mes qualités...Je pense que c'est une qualité d'être joyeux, je me suis organisé pour être généreux, je suis content de rendre service, ça me rend heureux.

Ton plus gros défaut? D'être un poisson. Il explique:Je suis du signe astrologique poisson, la peur d'être en conflit me fait parfois détourner l'autre. Il fait des mouvements sinueux de la main comme les mouvements des poissons...Pour éviter de dire les choses frontalement, je peux parfois devenir mesquin ou incorrect vis-à-vis de l'autre.

Quel est pour toi le comble de la misère? Être français et pourtant triste. Y' en a qui veulent, la « blondasse décolorée », la porsche et la maison « Phoenix », et c'est toujours pas bon. Y'en a qui ont plein et ils veulent toujours plus.

Le comble de la connerie? Faire des enfants pour les autres. Les confier à une nounou, déléguer l'éducation à l'école, et puis tenter de combler l'absence d'affection par des cadeaux, du superflu. J'ai vécu mon enfance dans le Tarn, l'eau gelait en hiver et en été y'en n' avait parfois pas, parfois il n'y avait pas d'électricité, et pourtant j'ai bien vécu, il y avait toujours l'amour de mes parents.

Qu'aimes-tu chez les enfants? La part du rêve, la candeur, ils peuvent laisser le côté « mental », tout est possible pour eux. J'ai fait trois séances chez un psy au moment de ma séparation, et en même temps, j'ai fait du chant. Le chant, pour moi, était plus thérapeutique que la trituration des méninges ! Les enfants ont cette facilité à être dans le ressenti et le moment présent ! J'essaie d'orienter ma vie vers l'intention et non pas la volonté. C'est pas du débourrage !!! On débourre les chevaux, c'est d'ailleurs un très mauvais terme, il faudrait adopter le cheval. Quand on est dans la volonté, on se prend des baffes.

Comment vois-tu le couple? J'aimerais que ce soit un partage, mais on n'est pas formé à ça et pourtant, l'union fait la force ! Il y a trop de différences soulignées dès le plus jeune âge entre les filles et les garçons. Chaque individu a besoin de s'épanouir quel que soit son sexe. Il faudrait sans doute que l'on nous donne des cours pour se faciliter la vie. Avec ma sœur, il n'y a pas eu trop de différences soulignées entre la fille qu'elle était et le garçon que j'étais. Tout le monde doit participer aux tâches et à la « vie » d'une maison, la fille devrait accéder à la « survie » de la maison. La complémentarité est bonne, il est normal que nous n'ayons pas tous les mêmes compétences, mais, s'occuper juste de la vie de la maison et des enfants, ça génère de la frustration, ça ne remplit pas la vie d'une femme. Les mamans oublient de transmettre les choses vitales de la maison : le nettoyage du linge, le balai à passer, la vaisselle, l'ordre... Après le garçon a 18 ans et il est toujours pas fichu de se prendre un peu en charge. J'ai pas mal d'amies qui seules et songeant à se remettre en couple avec un homme me disent : « J'hésite, si je reprend un homme à la maison, j'ai l'impression que ça me fera un enfant en plus! ». Comment veux-tu que ça fonctionne avec ce genre d'idée, c'est déjà foutu d'avance !

Ton livre de chevet? Les livres pour enfants d'André Dautel, ils m'ont donner envie de lire et de partir dans des voyages imaginaires. Je n'ai jamais lu les livres de Castanedas, mais mon père m'en a transmis la substance, ce sont des livres d'initiation et ils donnent de l'énergie de vie; j'aimerais en lire un jour. Il y a aussi « Petit arbre », je ne me souviens plus de l'auteur, c'est le parcours d'un jeune trappeur qui apprend la vie à travers la nature et l'enseignement de ses grands-parents trappeurs.

Un film?  « La vie est un miracle » d'Emir Kusturica et le magnifique film « La vie est belle » (La Vita e Bella).

Une musique?  La musique tzigane car on y entend le rythme du cheval. J'aime aussi le titre « La vie est folle » de Jacques Higgelin.



Il conclut en s'apercevant qu'il tourne très fort autour de cette idée de « Joie », et, il confirme mon intuition : Paulo (vraiment, je ne pourrais pas l'appeler Paul) m'évoque Bouddha, pas le long Bouddha en méditation, mais le gros Bouddha généreux qui rit et incarne la joie profonde. Nous nous regardons, il me parle encore de la joie en allant mettre la chanson d'Higgelin sur son installation, je reste dehors, achevant d'écrire à la hâte mes dernières notes. Je me prépare à quitter sa terrasse, je veux lui dire une dernière parole, mais il est déjà ressorti et dans mon dos il parle avec sa maman (il est invité par sa maman Mireille pour un déjeuner avec elle), il rassure Mireille, il s'occupera des poules qui se sont échappées de l'enclos où elles sont gardées. Son chien Zébulon, bat de la queue à côté de lui, la langue pendante et... Le sourire aux lèvres (la joie serait-elle contagieuse?). Je me lève, pleine de l'univers de Paulo, je me retourne et je l'appelle une dernière fois, je lui fait part de mon envie de l'embrasser et de le remercier. Il rigole, il m'accueille, ses deux grands bras ouverts. Je souris, je m'en vais vers mes roulottes et me retrouve, à chaque nouveau pas, un peu plus... dense, un peu plus lourde... Mais aussi, admirative de ce don particulier qui est le sien. Oui, Paulo a raison: la Joie est définitivement une très belle qualité, et si il lui manque l'orgueil pour s' en allouer une seule, moi qui me suis efforcée de le regarder un moment, je lui offre sans hésitation le titre de « Maître » dans cet art.

Bientôt, il faudra quitter les hauteurs et regagner la plaine de Carcassonne.


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