Et voilà, c’est parti… Nous avons commencé notre tournée
2013 par le festival Spirale à Histoires dans le Gers… Après avoir vécu les
derniers mois d’hiver au Pré en Bulles à Quillan, nous avons le cœur un peu lourd de devoir quitter les
amis et laisser notre hôte, Stéphane, sur le parking de la brasserie… Mais le
spectacle nous attend et la route nous appelle. Le départ nous réservait déjà
sa petite part de frisson car le camion ne démarre pas, heureusement que
Jean-Philippe présent sur le lieu, nous aide par ses éclairages efficaces de
mécanicien à détecter la cause de la panne, nous parvenons à démarrer et nous
faisons une halte non- loin, à Limoux, pour remplacer le fusible grillé,
facteur de la panne…
Petit repas rapide pour reprendre la route aussitôt avec
pour objectif, l’aire de stationnement de l’Isle Jourdain. Nous nous sommes
bien sûr égarés dans Toulouse, ayant loupé la route direction Auch, et ainsi
empêtrés dans une ruelle interdite au plus de 9 mètres, nous avons eu
notre deuxième frayeur de la journée… Comment sortir de cet espace étroit sans
risquer de provoquer un accident avec notre convoi énorme, ou sans réveiller la
colère des usagers se trouvant bloqués pour un moment certain, le temps de trouver
des solutions ?… Au bout d’une heure trente de manœuvres impossibles, nous
tentons une sortie par le bout de la ruelle en contournant un square très
exigu… C’est là que l’on se met à croire en Sainte Sarah (patronne des gens du
voyage)… Y’a pas à dire les épreuves ça aide à l’émergence de la foi !
Ouf ! C’est passé… Nous continuons notre voyage vers
Auch, et nous provoquerons un accident (deux conducteurs impatients tenterons
de nous dépasser alors que nous demandons notre chemin à des badauds sur le
trottoir d’en face, agacés, ils se rentreront dedans). Alors là, je me tasse
très fort sur mon siège et je m’arrange pour être transparente… Nous rigolerons
plus tard, en nous disant qu’il serait bon à tout un chacun de travailler la
patience et le Carpe Diem…
Enfin, nous voilà à l’Isle Jourdain, un peu après Toulouse,
les enfants sont ravis de se dégourdir les jambes autour du lac et de faire de
la grimpette à l’aire de jeu, nous passerons la nuit ici, et nous terminerons
le voyage vers Riscle le lendemain. C’est donc le lendemain que nous
poursuivons notre route, cette fois sans incident, pour arriver fin
d’après-midi sur le lieu Eco Pierre et Terre où a lieu l’événement, nous
arrivons bien à temps, nous aurons 4 jours pour nous familiariser avec le lieu,
monter le chapiteau, faire une répétition générale, et peut-être même nous
reposer un peu…
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Installation sur le site de Spirale à Histoires à Riscle dans le Gers |
Le temps des premiers jours est clément, et nous bénéficions
entre deux pluies, de larges moments d’éclaircies et de chaleur, cela nous fait
du bien après l’hiver très pluvieux que nous avons vécu cette année, et la
famille apprécie de pouvoir enfin sortir un peu de l’espace confiné des
roulottes. Seulement voilà, ça allait se gâter ! En effet au fil des jours
le temps devient de plus en plus incertain, Xavier et moi, sommes inquiets car
les pluies augmentent sensiblement, nous sentons que l’étanchéité du chapiteau
va être mise à rude épreuve et nos nerfs aussi… De plus je suis inquiète ayant
eu des problèmes de santé ces derniers temps, il va falloir jouer dans des conditions
de stress et de tension jusqu’alors jamais éprouvées à ce point… J’essaie
d’évacuer mon stress en allant aider les bénévoles travaillant assidument dans
les cuisines. Je fais à cette occasion quelques rencontres amicales qui me
procurent tendresse et soutien… Mes enfants jouent souvent à l’extérieur avec
les quelques enfants de bénévoles présents sur le lieu (Tao, Laïa, Artus,
Julie,…) Ils sont trempés comme des soupes, et le terrain sur lequel les
roulottes sont stationnées se transforme peu à peu en marrais. Les conditions
météo se dégradent toujours de plus en plus, et l’on prévoit même une tempête
annoncée pour le samedi qui arrive…
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Rencontre avec Thomas bénévole et comédien |
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Rémy bénévole qui aime Renaud (le chanteur) |
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Dominique qui dirigera les cuisines et les nombreux bénévoles qui y préparent les repas |
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Thibault, un cadeau pour moi... |
Nous étions venu, nous avons vu, nous avons vaincu ! En
effet, les vents ne cessèrent d’augmenter toute la journée du samedi, nous
faisant craindre l’annulation pure et simple de la représentation peut-être
même l’annulation du festival…
Des
températures digne d’un mois de Novembre (8 degrés), et des vents en pleine
représentation à plus de 90 km/heure, des seaux d’eau en trombe et 45 personnes
présentes sous le chapiteau, sidérées d’assister à un combat en scène pour que
le spectacle continue, certaines d’entre elles se relayeront pour sortir afin
de solidariser les murs de notre chapiteau qui menacent de s’envoler, une panne
de courant forcera les talents d’improvisation durant 5 minutes et enfin comme
une cerise sur un gâteau, le lustre en cristal du décor tombera en plein
spectacle, évitant de justesse un enfant du public (Magnifique réplique de sa
part : « Eh ! C’était fait exprès ? ». Réponse de ma
part : « Mais bien sûr, nous avons répété des mois et des mois, pour
que le lustre tombe exactement à cet endroit et sans blesser
personne ! » Hilarité générale du public). Franchement, je ne sais
qui est le plus à applaudir quand nous arriverons enfin aux derniers mots de la
pièce, et notre envie est grande de remercier le public qui a fait l’effort de
nous suivre jusqu’au bout dans cette représentation apocalyptique ! La
représentation du lendemain se fera sous la pluie mais le vent est enfin tombé…
Et le lustre, lui, est resté à sa place… Nous avons plus que testé le système
d’étanchéité, corrigé plusieurs fois par Xavier, et nous pouvons être très
satisfaits : sous le chapiteau, il fait presque complètement sec… Pas mal,
au vue des litres tombés du ciel Gersois ! Malgré le fait qu’un arbre est
tombé sur le site, nous ne subirons aucune casse et il n’y aura aucun blessé au
cours de l’événement. Un miracle ! Il doit aussi y’avoir un Dieu du
spectacle.
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Pas besoin de la baignoire à Spirale, nous sommes délavés par les trombes d'eau tombées du ciel! |
Nous avons joué, nous avons démonté aussi sous la pluie… Et
nous nous sommes retrouvés épuisés après le week-end, le froid, les enfants ont
attrapé la crève, moi aussi… Et puis il fallait déjà
que j’aille passer des examens de contrôle à
l’hôpital,… OUPS… Je m’étais arrangée pour laisser cela « dans les
vestiaires » (histoire d’honorer ce contrat de manière efficace), voilà
donc que ce mardi arrive et que toutes mes angoisses contenues depuis mon
arrivée surgissent et pleuvent comme un déluge sur mon corps embourbé, certaines
personnes travaillant
sur le festival
comprendront parfaitement ce qui m’arrive et je pourrai partir avec Xavier mon
compagnon pour ces examens qui me stressent… Cela faisaient des jours que je
méditais sur l’idée « Il n’y a rien », et voilà qu’attendant dans le
cabinet du médecin pour avoir son diagnostic, je la vois apparaître, et tendue
je l’écoute, aussitôt incrédule je l’entends m’expliquer : « je ne
comprends pas pourquoi votre médecin vous a fait venir, il n’y a rien »…
Y’aurait t’il aussi un Dieu, juste pour ma petite personne ? Et c’est
soulagée, que je sors de cet hôpital, mes clichés de scanner (ou il n’y a rien)
sous le bras et pressée d’annoncer la nouvelle à mes enfants que j’ai laissé
inquiets, et aux deux trois personnes touchées par mes petits soucis
personnels.
Parfois l’aventure est dure, quand loin des amis, il faut
essayer de tenir pour soi ses problèmes qui pèsent mais que l’on juge trop
personnels pour pouvoir s’en ouvrir aux autres… Car souvent dans ces rencontres
particulières liées aux instants courts du voyage et rythmés par les arrivées
et les départs, les relations partagées le sont autour des joies, des rires, et
du meilleur en chacun de nous. Il est plus rare d’échanger sur nos parts
d’ombres. Par contre, ce temps du voyage, que l’on sait court pour tisser des
liens, ce temps accélère étrangement l’intuition nécessaire dans toute
relation, et l’âme reconnaît plus rapidement, les âmes capables d’entendre et
d’écouter avec bienveillance neutre… C’est ainsi que j’ai rencontré Thibault,
Anna, Nadia, Stephan, Rémi, Thomas, Stéphane, David, Ronan, Dominique, et toute
l’équipe de la Fatale Compagnie… Et je repars avec la joie d’avoir pu les
croiser dans cette période difficile à gérer… Nous sommes aussi heureux d’avoir
pu revoir nos amis chers habitant dans le Gers (Francis et Chantal) ou nous
avons passés une soirée agrémentée de douceur, de rire et de tendresse dans
leur belle maison Gasconne. A vous revoir tous mes amis ! Nos enfants,
partagés entre joie de continuer l’aventure et tristesse de partir, ont quitté
Tao, Artus, Laïa, Julie, Allan, Marc, Sophie, Tobin… Mais ce n’est qu’un
au-revoir j’en suis sûre.
Aujourd’hui, Mardi 28 mai, je termine ces lignes, face à un
champ, au loin, des petits sous bois, sous une éclaircie trop rare cette année-
ci. Demain nous reprenons la route, nous avons fait une halte brève à l’Isle
Jourdain pour y passer deux nuits, nous profitons de la proximité de Toulouse
pour racheter un câble nécessaire à nos éclairages scéniques. J’espère un peu
plus de clémence pour notre prochaine destination, Montbrun bocage en Ariège,
où nous sommes attendus jeudi, pour jouer vendredi et samedi…
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