La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

mardi 4 juin 2013

Tempête à Spirale dans le Gers



Et voilà, c’est parti… Nous avons commencé notre tournée 2013 par le festival Spirale à Histoires dans le Gers… Après avoir vécu les derniers mois d’hiver au Pré en Bulles à Quillan, nous avons  le cœur un peu lourd de devoir quitter les amis et laisser notre hôte, Stéphane, sur le parking de la brasserie… Mais le spectacle nous attend et la route nous appelle. Le départ nous réservait déjà sa petite part de frisson car le camion ne démarre pas, heureusement que Jean-Philippe présent sur le lieu, nous aide par ses éclairages efficaces de mécanicien à détecter la cause de la panne, nous parvenons à démarrer et nous faisons une halte non- loin, à Limoux, pour remplacer le fusible grillé, facteur de la panne…

Petit repas rapide pour reprendre la route aussitôt avec pour objectif, l’aire de stationnement de l’Isle Jourdain. Nous nous sommes bien sûr égarés dans Toulouse, ayant loupé la route direction Auch, et ainsi empêtrés dans une ruelle interdite au plus de 9 mètres, nous avons eu notre deuxième frayeur de la journée… Comment sortir de cet espace étroit sans risquer de provoquer un accident avec notre convoi énorme, ou sans réveiller la colère des usagers se trouvant bloqués pour un moment certain, le temps de trouver des solutions ?… Au bout d’une heure trente de manœuvres impossibles, nous tentons une sortie par le bout de la ruelle en contournant un square très exigu… C’est là que l’on se met à croire en Sainte Sarah (patronne des gens du voyage)… Y’a pas à dire les épreuves ça aide à l’émergence de la foi !

Ouf ! C’est passé… Nous continuons notre voyage vers Auch, et nous provoquerons un accident (deux conducteurs impatients tenterons de nous dépasser alors que nous demandons notre chemin à des badauds sur le trottoir d’en face, agacés, ils se rentreront dedans). Alors là, je me tasse très fort sur mon siège et je m’arrange pour être transparente… Nous rigolerons plus tard, en nous disant qu’il serait bon à tout un chacun de travailler la patience et le Carpe Diem…

Enfin, nous voilà à l’Isle Jourdain, un peu après Toulouse, les enfants sont ravis de se dégourdir les jambes autour du lac et de faire de la grimpette à l’aire de jeu, nous passerons la nuit ici, et nous terminerons le voyage vers Riscle le lendemain. C’est donc le lendemain que nous poursuivons notre route, cette fois sans incident, pour arriver fin d’après-midi sur le lieu Eco Pierre et Terre où a lieu l’événement, nous arrivons bien à temps, nous aurons 4 jours pour nous familiariser avec le lieu, monter le chapiteau, faire une répétition générale, et peut-être même nous reposer un peu…

Installation sur le site de Spirale à Histoires à Riscle dans le Gers

Le temps des premiers jours est clément, et nous bénéficions entre deux pluies, de larges moments d’éclaircies et de chaleur, cela nous fait du bien après l’hiver très pluvieux que nous avons vécu cette année, et la famille apprécie de pouvoir enfin sortir un peu de l’espace confiné des roulottes. Seulement voilà, ça allait se gâter ! En effet au fil des jours le temps devient de plus en plus incertain, Xavier et moi, sommes inquiets car les pluies augmentent sensiblement, nous sentons que l’étanchéité du chapiteau va être mise à rude épreuve et nos nerfs aussi… De plus je suis inquiète ayant eu des problèmes de santé ces derniers temps, il va falloir jouer dans des conditions de stress et de tension jusqu’alors jamais éprouvées à ce point… J’essaie d’évacuer mon stress en allant aider les bénévoles travaillant assidument dans les cuisines. Je fais à cette occasion quelques rencontres amicales qui me procurent tendresse et soutien… Mes enfants jouent souvent à l’extérieur avec les quelques enfants de bénévoles présents sur le lieu (Tao, Laïa, Artus, Julie,…) Ils sont trempés comme des soupes, et le terrain sur lequel les roulottes sont stationnées se transforme peu à peu en marrais. Les conditions météo se dégradent toujours de plus en plus, et l’on prévoit même une tempête annoncée pour le samedi qui arrive…

Rencontre avec Thomas bénévole et comédien

Rémy bénévole qui aime Renaud (le chanteur)

Dominique qui dirigera les cuisines et les nombreux bénévoles qui y préparent les repas


Thibault, un cadeau pour moi...

Nous étions venu, nous avons vu, nous avons vaincu ! En effet, les vents ne cessèrent d’augmenter toute la journée du samedi, nous faisant craindre l’annulation pure et simple de la représentation peut-être même l’annulation du festival…  Des températures digne d’un mois de Novembre (8 degrés), et des vents en pleine représentation à plus de 90 km/heure, des seaux d’eau en trombe et 45 personnes présentes sous le chapiteau, sidérées d’assister à un combat en scène pour que le spectacle continue, certaines d’entre elles se relayeront pour sortir afin de solidariser les murs de notre chapiteau qui menacent de s’envoler, une panne de courant forcera les talents d’improvisation durant 5 minutes et enfin comme une cerise sur un gâteau, le lustre en cristal du décor tombera en plein spectacle, évitant de justesse un enfant du public (Magnifique réplique de sa part : « Eh ! C’était fait exprès ? ». Réponse de ma part : « Mais bien sûr, nous avons répété des mois et des mois, pour que le lustre tombe exactement à cet endroit et sans blesser personne ! » Hilarité générale du public). Franchement, je ne sais qui est le plus à applaudir quand nous arriverons enfin aux derniers mots de la pièce, et notre envie est grande de remercier le public qui a fait l’effort de nous suivre jusqu’au bout dans cette représentation apocalyptique ! La représentation du lendemain se fera sous la pluie mais le vent est enfin tombé… Et le lustre, lui, est resté à sa place… Nous avons plus que testé le système d’étanchéité, corrigé plusieurs fois par Xavier, et nous pouvons être très satisfaits : sous le chapiteau, il fait presque complètement sec… Pas mal, au vue des litres tombés du ciel Gersois ! Malgré le fait qu’un arbre est tombé sur le site, nous ne subirons aucune casse et il n’y aura aucun blessé au cours de l’événement. Un miracle ! Il doit aussi y’avoir un Dieu du spectacle.

Pas besoin de la baignoire à Spirale, nous sommes délavés par les trombes d'eau tombées du ciel!
 Nous avons joué, nous avons démonté aussi sous la pluie… Et nous nous sommes retrouvés épuisés après le week-end, le froid, les enfants ont attrapé la crève, moi aussi… Et puis il fallait déjà  que j’aille passer des examens de contrôle à l’hôpital,… OUPS… Je m’étais arrangée pour laisser cela « dans les vestiaires » (histoire d’honorer ce contrat de manière efficace), voilà donc que ce mardi arrive et que toutes mes angoisses contenues depuis mon arrivée surgissent et pleuvent comme un déluge sur mon corps embourbé, certaines personnes travaillant  sur le festival comprendront parfaitement ce qui m’arrive et je pourrai partir avec Xavier mon compagnon pour ces examens qui me stressent… Cela faisaient des jours que je méditais sur l’idée « Il n’y a rien », et voilà qu’attendant dans le cabinet du médecin pour avoir son diagnostic, je la vois apparaître, et tendue je l’écoute, aussitôt incrédule je l’entends m’expliquer : « je ne comprends pas pourquoi votre médecin vous a fait venir, il n’y a rien »… Y’aurait t’il aussi un Dieu, juste pour ma petite personne ? Et c’est soulagée, que je sors de cet hôpital, mes clichés de scanner (ou il n’y a rien) sous le bras et pressée d’annoncer la nouvelle à mes enfants que j’ai laissé inquiets, et aux deux trois personnes touchées par mes petits soucis personnels.

Parfois l’aventure est dure, quand loin des amis, il faut essayer de tenir pour soi ses problèmes qui pèsent mais que l’on juge trop personnels pour pouvoir s’en ouvrir aux autres… Car souvent dans ces rencontres particulières liées aux instants courts du voyage et rythmés par les arrivées et les départs, les relations partagées le sont autour des joies, des rires, et du meilleur en chacun de nous. Il est plus rare d’échanger sur nos parts d’ombres. Par contre, ce temps du voyage, que l’on sait court pour tisser des liens, ce temps accélère étrangement l’intuition nécessaire dans toute relation, et l’âme reconnaît plus rapidement, les âmes capables d’entendre et d’écouter avec bienveillance neutre… C’est ainsi que j’ai rencontré Thibault, Anna, Nadia, Stephan, Rémi, Thomas, Stéphane, David, Ronan, Dominique, et toute l’équipe de la Fatale Compagnie… Et je repars avec la joie d’avoir pu les croiser dans cette période difficile à gérer… Nous sommes aussi heureux d’avoir pu revoir nos amis chers habitant dans le Gers (Francis et Chantal) ou nous avons passés une soirée agrémentée de douceur, de rire et de tendresse dans leur belle maison Gasconne. A vous revoir tous mes amis ! Nos enfants, partagés entre joie de continuer l’aventure et tristesse de partir, ont quitté Tao, Artus, Laïa, Julie, Allan, Marc, Sophie, Tobin… Mais ce n’est qu’un au-revoir j’en suis sûre.

Aujourd’hui, Mardi 28 mai, je termine ces lignes, face à un champ, au loin, des petits sous bois, sous une éclaircie trop rare cette année- ci. Demain nous reprenons la route, nous avons fait une halte brève à l’Isle Jourdain pour y passer deux nuits, nous profitons de la proximité de Toulouse pour racheter un câble nécessaire à nos éclairages scéniques. J’espère un peu plus de clémence pour notre prochaine destination, Montbrun bocage en Ariège, où nous sommes attendus jeudi, pour jouer vendredi et samedi…

  

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