La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

jeudi 8 janvier 2015

Hé ? Snoopy ? Où est ton maître ?



 J'ai souvent pensé que pour comprendre les choses il fallait essayer de remonter aux origines... C'est ainsi que ce matin, interrogée et triste, une fois de plus, j'essayais de comprendre ce qui pouvait amener à commettre un acte aussi barbare que celui qui fût commis hier contre le journal « Charlie Hebdo ». Je ressentais comme un écho, une onde similaire, plus légère certes, mais de même nature que celle provoquée par les attentats du 11 septembre sur les deux tours. Je cherchai donc d'abord à comprendre ce qui, au juste, avait été visé. Et loin des réflexions primaires du type « bien fait pour les américains, ils ont bien mérité une bonne leçon, eux qui en donnent à tour de bras ! », ou encore « i ls l'avaient cherché, à Charlie hebdo, ils poussaient trop loin », restant à l'écoute de mon seul jugement, l'envie d'écrire me revint soudain, écrire comme on libère... Ainsi, les chiens stupides et fous sont tenus en laisse ou alors ils mordent et ils tuent, mais les chiens comme Snoopy sont libres parce qu' ils ont toujours un maître et il n'est jamais loin, il s'appelle Charlie... Charlie Brown.

 Car dans les deux événements il y a, chez moi, tout à la fois, l'effroi lié à la chose commise, mais aussi et bien plus, l'effroi lié aux amalgames, aux idées reçues, aux paroles violentes, qui foisonnent et fusent en tout sens après de tels événements... Mais sans doute aussi AVANT, et ça, nous devrions ne pas l'oublier. En fait, quotidiennement, nous pratiquons à merveille de petits actes de terrorisme au nom d'idées que nous trouvons forcément très justes et cela de manière violente et souvent peu consciente. C'est incroyable ce que la force de nos propres convictions (qui ne sont d'ailleurs souvent que le reflet de conditionnements adoptés soit en opposition, soit en accord avec l'extérieur) nous installe dans une légitimité guerrière et stigmatisante. Il est probable que si nous reconnaissions avec plus d'honnêteté nos parts d'ombres, nous pourrions ainsi éviter plus facilement de patauger lamentablement dans des zones troubles. Nous pourrions peut-être même retrouver une forme d'humour (moyen de mise à distance) que les dessinateurs de « Charlie hebdo » pratiquaient avec talent. Que l'on ne s'y trompe pas Charlie hebdo, dont le nom s'inspira du maître de Snoopy « Charlie Brown », avait bien les traits du personnage : une sorte de pessimiste en proie aux angoisses profondes mais qui au fond s'en sortait toujours grâce à son optimisme fondamental. Il s'agit bien là d'un personnage qui s'amuse en nous renvoyant avec humour à nos angoisses les plus ancrées.


 Franchement, est il possible de penser à nos paradoxes ? J'en ai connu qui venaient avec des mots comme « imposer », « éduquer », tout en m'expliquant sérieusement, qu'ils étaient « tolérants », « pas radicaux », « ouverts », pendant que moi je cherchais confusément mon nez de clown (intérieur), et que je riais du paradoxe si ouvertement révélé... J'en connais beaucoup qui ne sont "pas racistes mais"... C'est vrai que depuis les colonies, on s'est quand même un peu familiarisé avec les couleurs de peau... mais... y'en a qui boivent du coca, y'en a qui vont chez Mac Do, y'en a qui portent un foulard, y'en a qui ont un 4x4, y'en a toujours « un qui en somme ne pense pas comme moi »... Et comme j'ai l'habitude de le dire avec cynisme « c'est embêtant, tout ces gens qui pensent que, véritablement, je vous le dis, l'enfer c'est les autres, et même quand l'enfer c'est moi, c'est tellement plus facile d'être d'accord avec moi ! »

 Non vraiment, je ris de plus en plus chaque fois que dans ce pays j'entends prononcer le mot « liberté », car la liberté n'est jamais sans contrainte, la liberté ne donne pas le droit de commettre un crime, la liberté suppose un droit de réponse (égale), et personne n'a jamais tué avec un crayon ou une plume à la main (même Zemour !). Je suis résolument pour la « liberté », mais la liberté tout comme le bonheur suppose un travail, un travail constant sur soi, car elle n'est jamais acquise et elle passe toujours par le respect de soi et de l'autre. L'autre étant toujours la part que l'on croit étrangère à nous-même. (lire : la Part d'ombre d'Eric Emmanuel Schmitt). Certains bons penseurs un peu « fleur bleue » pourraient en apprendre beaucoup en lisant aussi « La loi du sang ou penser et agir comme un nazi », car ce qui tue véritablement ce ne sont pas nos idées parfois jolies (si,si!), mais c'est la force de nos croyances en ces idées qui ne laisse place à aucun doute. Cette absence de doute qui fait que l'autre devient cet étranger qui justifie que l'on pousse notre sacro-sainte liberté jusqu'à lui ôter sa liberté de vivre. La liberté suppose la confiance en soi et la vigilance de tout les instants car il est plus facile de déceler la bêtise dans une grosse ânerie mais quand la bêtise prend des allures de bonne santé, de paix et d'amour, et qu'elle à l'air de sentir bon, c'est beaucoup plus dur. Et je vous jure, que quand on fait le ménage chez soi, on en trouve plein des bonnes idées.

 Qu'y aurait il d'autre à éduquer si ce n'est nous même ? Qu'y a t' il de si beau dans cette hypocrisie et cette lâcheté qui consistent à vendre des armes, à aller faire des guerres, et tout cela au nom de la liberté ? Nous ne pourrions le faire au nom d'Allah, puisque nous clamons haut et fort notre laïcité !
Nous sommes bêtement victimes de notre innocence à nous auto-proclamer constamment libres, fraternels et égaux... Comment un tel aveuglement est- il possible ?

 Ne sommes nous pas tatoués de la marque de l'innocence et comme des chiens stupides ne rongeons-nous pas l'os que l'on nous jette, acceptant, dociles, le maître qui saura nous tenir à la laisse pour enfin nous sécuriser? Ou parfois encore, nous nous jetons aveuglément dans la masse pour mordre et attaquer mais nous nous éloignons toujours un peu plus de notre liberté...


 Ah ! Il était pourtant chouette Snoopy, c'était juste un chien certes, mais c'était un chien penseur et sans laisse, un chien libre car il avait choisi un maître libre. Un sacré bon maître ce Charlie Brown...Il ne craignait jamais d'exprimer ce qui dérange. Ce Charlie là n'est jamais loin...


 Alors c'est vrai, peut-être ont ils touché « Charlie hebdo », mais « Charlie » n'est d'aucun camp, c'est justement pour ça qu'il est libre. Il y a eu Charlie Chaplin et son « dictateur », il y a eu "Charlie Brown et Snoopy", il y a eu « Charlie Hebdo », il y aura toujours un « Charlie ». Hé ?! Snoopy, pourquoi tu pleures ?! Je crois que je viens de retrouver ton maître. 


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